Roujin Z
6.8
Roujin Z

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Kitakubo (1991)

Le Vieil Homme, le Robot Géant et la Mer

Roujin Z est ce genre de film dont le résumé est dingue : Dans un futur proche, le japon est en proie au vieillissement de sa population et le ministère de la santé construit un prototype de lit-robot-automatique qui permet de subvenir aux besoins des personnes trop faibles pour se mouvoir. Suite à plusieurs quiproquos, le projet déraille et le lit devient un robot géant doté de conscience qui se met à détruire la ville.


Resté durant des années en France dans les bac à solde, le film n'a jamais réussi à se vendre et est resté sous-côté. En le regardant, on comprend pourquoi : c'est un OAV de 1991 et il pâtit complètement de son budget et des techniques de son époque. Du coup, il faut un peu oublier qu'il y a Otomo, Kitakubo (Blood the last vampire) et Satoshi Kon dans l'équipe technique, et ne pas s'attendre à un film du niveau graphique d'Akira, parce qu'au début, il y a une sorte de fossé technique : format 4/3, animations limités par moment, doublage qui n'est pas synchro, voire même sur certains passages du début, des visages qui derpent. Ça a de quoi en doucher certains.


On sent qu'on est dans de l'animé (dans le sens défini par Teromik dans une de ses vidéos) : le pognon est foutu dans certaines scènes précises (la présentation du robot, les scènes d'action, le final) qui sont bien foutues, mais à certains endroits ça sent l'économie et l'animation limitée.


Ce qui me tue c'est surtout que j'ai vu une tripoté de films et de séries japonaises ces dernières années et il faut tomber sur un OAV de 1991 pour avoir un film qui parle du vieillissement du japon. Pourtant s'il y a bien UN pays dans lequel c'est un problème, c'est bien celui-là et c'est pas comme si ça s'était atténué depuis trente ans. En plus de parler enfin cette question, le film possède un côté satirique : L'héroïne est une infirmière débrouillarde qui cherche à libérer un petit vieux du robot-lit et qui est aidé par une bande de vieillards pro-du hacking.


Le film paye son atypisme et s'appuie sur les codes du robot géant, du cyberpunk à la japonaise (et sur les obsessions d'Otomo pour les trucs qui gonflent au point d'en devenir énormes) pour les détourner. Même s'il est parfois lourd par moment (comme le dragueur qui ne cesse de vouloir sauver Haruko et qui semble être excité par toutes les filles de sa promo.) Et le film a tendance à sacrifier parfois son envie d'être efficace et drôle sur 1 heure dix, à la possibilité d'avoir des moments plus posés : à un moment on voit un flashback de la vie de M. Takazawa, le vieillard à l'intérieur du robot, et je pensais qu'en verrait plus, mais non, c'était juste un prétexte à raconter pourquoi le robot-lit s'enfuit. Le pauvre Takazawa est trop souvent considéré par le film lui-même comme une source de gag et le film n'aurait pas démérité à avoir un chouilla plus de... feels ?


Mais j'encourage à le voir, c'est vraiment une curiosité et un film absolument pas emmerdant.


Est-ce que je le montrerais à des enfants ? : Je ne pense pas.


Possibilité de remake/suite : J'hésite : le film accuse son âge et un remake "des années 2020" serait intéressant, mais de l'autre c'est vrai qu'il offre une photographie intéressante des productions du japon au début des années 90 dans le fond comme dans la forme. Même l'ost fait très City Pop cacophonique.


Le détail qui me titille : Lorsque Z-001 sort du tunnel, il dégomme une dizaine de voitures abandonnées... pourtant quelques minutes plus tard il a formé une sorte de décharge énorme : comment à t-il fait ?


Le détail qui me titille 2 : Les hackers arrivent à faire en sorte que l'I.A. de Z-001 prenne la voix de femme de Takazawa en lui donnant... une photo de celle-ci.


Suis-je le seul ? A penser que c'est le chat qui manipule tout depuis le début : la machine par en couille à partir du moment où celui-ci est intégré à elle. Ce salaud voulait voir la destruction de Tokyo !

le-mad-dog
7
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le 14 déc. 2021

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Mad Dog

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