Une affaire royale pour un film royal
Au 18ème siècle, Struensee, médecin de bonne famille bourgeoise est recruté par la Cour pour accompagner le Roi Christian VII dans ses voyages. Au même moment, la reine Caroline-Mathilde, sœur du Roi George III d’Angleterre, est envoyée au Danemark pour épouser Christian, sans même l’avoir vu.
Les apparences sont trompeuses. Christian est roi mais malade mentalement et n’exerce quasi aucun pouvoir, Caroline-Mathilde est extrêmement malheureuse malgré la dignité dont elle fait preuve et sa force à accepter son rang, tandis que Struensee, fils de pasteur est plutôt inspiré de la philosophie des lumières.
Struensee, devient au fur et à mesure le médecin personnel et ami du roi danois. Plus l’intimité grandit entre les deux hommes, plus l’influence du médecin sur son roi grandit lui aussi. Struensee en profite alors pour faire passer ses idées progressistes et libérales dans la politique danoise. Il tombe amoureux de la reine et comme Icare, à force de voler trop près du soleil, il finira par se brûler ...
Inspiré de la véritable histoire du Danemark et de ses personnages historiques, A Royal Affair, est un film qui est mûri depuis longtemps. Il faudra attendre Nikolaj Arcel, pour que l’histoire soit enfin exploitée. Connu surtout pour avoir signé les scénarios du premier film Millenium ou la série télé qui en découla, il se permet de voir les choses en grand : film en costumes, exploitation internationale et surtout acteurs cotés en haut de l’affiche. Pour aider à développer l’histoire, il décide avec son co-scénariste (Rasmus Heisterberg) de s’inspirer dans un premier temps du roman de Per Olov Enquist : « La visite du médecin royal » avant de finalement s’arrêter sur une nouvelle plus ou moins érotique de Bodil Steensen- Leth : « Princess af Blodet » qui avait le grand avantage de voir l’histoire au travers des yeux de la reine. Bien lui en a pris, son scénario gagnant dernièrement un prix au Festival de Berlin.
Teinté d’une histoire passionnante et vraie, le film éblouit par son minimalisme (pas de scènes de batailles, etc.) tout en scotchant le spectateur au fauteuil par son suspense axé sur des manipulations politiques, l’histoire d’amour physique et intellectuelle ainsi que par l’effervescence autour de la mini-révolution inaugurée par Struensee. La chute, fatale, n’en sera que plus dure.
L’intérêt du film est aussi dû à une interprétation générale assez remarquable. Dans le rôle principal, nous retrouvons Mads Mikkelsen qui quitte Hollywood (Le Chiffre dans James Bond) pour son Danemark natal et livre une interprétation tout en justesse et en retenue. Alicia Vikander, célèbre en Suède est choisie pour incarner la reine tourmentée entre son rang et son bonheur. Mais le plus magistral est sûrement Mikkel Boe Folsgaard, pour sa composition du roi fou et dérangé. La profession ne l’a pas loupé et lui a décerné le prix d’interprétation au dernier Festival de Berlin.
Bien sûr, l’histoire est fort classique dans sa forme et ne tente pas d’innover, mais Arcel a confiance en la portée du message de l’histoire qu’il veut raconter. Aidé par une interprétation de haut vol, A Royal Affair est une réussite et n’usurpe pas sa bonne réputation grandissante. A découvrir dès le 19 septembre !