La Soupe aux Brindilles

Rutabaga est un petit film amateur et indépendant partiellement financé avec beaucoup d'humour par une campagne de crowdfunding sur Ullule qui promettait notamment au plus généreux donateurs de faire le film eux même ou encore une Fiat Punto d'occasion. Si le projet respire la bonne humeur et les moyens les plus réduits , en revanche le film en lui même est un récit fantastique certes très basique mais réalisé avec l'aplomb d'un inébranlable premier degré. Comme toujours pour ce type de production, il conviendra donc d'être indulgent en remettant en perspective les moyens et les intentions de son jeune réalisateur, scénariste et acteur Julien Botzanowski.

Le film raconte l'histoire d'Adrien, un jeune homme tout juste largué par sa copine et qui s'en va au fin fond de la France profonde afin de faire un reportage publicitaire sur un gîte qui compte ouvrir très prochainement. Sur place il est accueilli par l'unique employée des lieues et deux étranges gérants Monsieur Pierre et l'austère Mademoiselle Agathe ...

Avec une petite poignée de personnages seulement, un lieue unique pour décor et un récit qui n'invite pas à s'aventurer dans l’esbroufe , le spectaculaire ni les effets spéciaux Julien Botzanowski est visiblement parfaitement conscient des limites de son budget et propose ainsi un récit carré, solide et efficace clairement recentré sur son intrigue et ses protagonistes. Bien sûr Rutabaga n'est pas un thriller horrifique des plus palpitant et le film souffre comme souvent dans ce type de production de nombreux défauts comme un rythme un peu mou et une mise en scène qui a du mal à suivre lorsque l'action s'anime un peu. En revanche le film s'offre un casting convaincant et une direction d'acteur plutôt réussi même si on sent que quelques personnages secondaires sont plus des potes de figurations que des futurs nommés aux Oscars. Julien Botzanowski qui interprète le personnage principal s'en sort plutôt bien, l'étrange couple campé par Serge Barbagallo et Anouchka Csernakova est dangereusement inquiétant et la jeune Capucine Lamarque est attachante du moins durant la première grosse partie du film. Sans être palpitante ni même angoissante cette histoire tient la route et on a tout simplement envie d'en connaître le dénouement. Lorsque le film vire au fantastique et s'essaye à l'épouvante avec ses filtres verts, ses maquillages approximatifs, ses jumps scares et ses scènes d'action poussive le manque de moyen se fait cruellement ressentir en tirant sur le fil le long métrage vers le bas. Dommage, car même sans thunes on pouvait espérer un climax plus radicale et horrifique pour porter le film vers un peu plus que le sympathique petit film de genre amateur.

Au final Rutabaga reste surtout regardable pour ses louables intentions et pour son premier degré démontrant que envers et contre tout Julien Botzanowski croit en ce qu'il fait. Ça ne suffit pas à faire un bon film mais ça limite la catastrophe.