Petite critique, ou plutôt petite opinion.
Je l'ai perçu, non pas comme l'enquête d'une journaliste tenace, mais comme l'itinéraire d'une femme blessée dans sa chair et dans son âme. Jusqu'à l'aveuglement.
Il faudrait voir ce film du point de vue "intérieur". La suite des évènements qui amène la jeune journaliste, Elena McMahon, à la falaise est chaotique, c'est vrai.
Le déclencheur tissé de contradictions, de fausses pistes, de pertes de repères seraient le reflet de l'état mental du père de celle-ci, un homme manipulateur et vénal qui s'enfonce dans une maladie neurodégénérative.
Voilà pourquoi j'ai vite laissé tomber le côté enquête journalistique/thriller pour suivre le chemin sinueux et violent d'Elena.
Tristes années que celles qui ensanglantent l'Amérique du Sud, nous montrant le niveau aberrant de l'hypocrisie amorale des politiciens, des magouilles des espions, des trafics en tout genre des rebelles/combattants/libérateurs qui n'hésitent jamais à tuer leurs propres compatriotes pour nourrir leurs idéaux mortifères.
Anne Hathaway est parfaite dans le rôle de la journaliste piégée, mélancolique et finalement résignée, le monolithisme du personnage psychopathique est parfaitement rendu par Ben Affleck, la lente déliquescence mentale du père, joué par Willem Dafoe est aussi poignante que frustrante, quand on devine peu à peu comment il manipule sa fille.
On entre dans le jeu de Dee Rees si on le veut vraiment, sinon... il peut décevoir ceux qui voulaient regarder un énième film sur les exactions tordues et machiavéliques qui rythment les âmes des sud-américains.
A vous de voir ;-)