Du sacrifice des femmes - vu par un homme

Un film qui se laisse voir, mais non sans peine ; que celle-ci soit due à sa longueur, ou à la cruauté des soldats japonais pendant le massacre de Nankin qu'il dépeint. Si la photographie est souvent splendide, jouant notamment sur un symbolisme religieux omniprésent, celui-ci est beaucoup trop américain et hollywoodien pour un film sur la Chine ; et le personnage joué par Christian Bale, acteur que j'adore et qui reste aussi excellent que d'habitude ici, a néanmoins un développement illogique et un manque de tact qui m'ont gênée, surtout compte tenu des horreurs que le film dépeint concernant le viol comme arme de guerre massive.

Car ce film est axé sur la manière dont les femmes sont victimes d'atrocités qui leur sont spécifiques: les violences sexuelles, utilisées comme armes de guerre. Néanmoins, il les montre avec un regard que l'on devine tout de suite masculin ; un male gaze bien palpable, de par le voyeurisme et la cruauté décousues qu'il adopte pour dépeindre ces atrocités.

Cette opposition instaurée dès le début du film entre les putes et les saintes, vue et revue, et qui ne s'épuise que grâce au sacrifice des prostituées, qui de toute manière ont fait ça toute leur vie, n'est-ce pas?, m'a dérangée. Et le fait que le film soit centré sur un homme américain, tout de suite annoncé comme le Sauveur de ces demoiselles effarouchées par une scène qui lui octroie sa blancheur divine, n'arrange rien...

Bref, si les costumes, la mise en scène et la photographie m'ont beaucoup plu, si c'est un moment de l'histoire trop méconnu (comme en atteste le refus du cinéma français d'avoir diffusé ce film alors que d'innombrables films sur les deux grandes guerres du point de vue européen sortent tous les ans), une gêne est restée en moi pendant tout le film - qui est celle de voir encore un énième homme se réjouir de montrer des femmes se faire violer et massacrer pendant plus de 2 heures au cinéma.