Le titre porte, à lui seul, toute l’ambition d’un long-métrage qui entend rassembler les communautés, les caractères, les clichés. L’idée s’avère magnifique. Quand on sort du visionnage de Saint-Jacques…La Mecque, on se dit pourtant que quelque chose ne va pas. Règne une sophistication de tous les instants qui se heurte à ce que le pèlerinage doit être, à savoir une longue route spirituelle et dépouillée. On comprendra que les raisons qui poussent nos protagonistes à entreprendre le périple ne sont pas celles de la foi, certes ; le souci, c’est que la mise en scène en fait dix fois trop, ne lésine ni sur les lourdeurs dramatiques – la présentation des personnages-clichés frôle l’amateurisme horripilant – ni sur les ivresses pseudo-poétiques martelées à grand renfort de surréalisme. Se saisir des clichés pour les faire évoluer, les isoler par un montage initialement très vif au point de couper à l’intérieur des plans, détendre peu à peu le montage à mesure que chacun s’ouvre à l’autre. Tout cela est très bien. Mais, encore une fois, n’y avait-il pas une manière plus élégante, surtout plus économe en artifices, pour chanter la réconciliation ? La réalisatrice étouffe son propos et donne l’impression de ne jamais avoir confiance dans le cinéma qu’elle investit pourtant : la justesse des comédiens, la retenue poétique, le sublime des paysages suffisaient. En lieu et place se dresse une œuvre non dépourvue de qualité, plutôt marquante compte tenu de ses excès, mais diablement foutraque sur un sujet qui, au contraire, appelait la simplicité.