Partout où elles passent, les prières de Saint Maud semblent avoir été entendues, de Toronto à Rotterdam, en passant par Gérardmer où le film reçut le Grand Prix. Après Uncut Gems, et en attendant le prochain Kelly Reichardt, A24 impose en 2019 une nouvelle fois sa marque sur le cinéma indé américain. La société de production revient avec le genre qui avait fait son succès l’an passé avec Midsommar et The Lighthouse : le cinéma d’horreur. Relativement classique dans sa forme, Saint Maud peine à se démarquer autant que ses prédécesseurs mais saisi néanmoins grâce à quelques fulgurances.
Le film est un énième exorcisme, soit l’histoire de Maud, jeune infirmière travaillant au chevet d’une ex-danseuse devenue infirme, possédée par un démon. L’originalité du film tient à la nature de cette possession, d’abord assimilée par Maud à la présence de Dieu. Cette voix qui la guide, qui lui “donne des frissons” dit-elle, c’est celle de Jésus. La foi de la jeune fille vire alors à l’intégrisme sans se douter que la voix qu’elle entend n’est peut-être pas celle de Dieu, mais celle du Diable. La débauche dans laquelle se vautre Maud petit à petit, elle l’attribue à une punition divine bien méritée. Complètement aveuglée, Maud justifie le Mal par le Bien et Rose Glass pointe sans emphase le danger de tout intégrisme religieux.
Le film se conclut alors par une scène saisissante, celle du personnage principal, dans son ultime punition : l’immolation. Jusqu’au bout, malgré les souffrances endurées, Maud sera convaincue par son geste, jusqu’à son sacrifice qu’elle imagine christique. Ceci jusqu'au plan final d’une demi-seconde qui quitte soudainement le point de vue de l'héroïne et nous fait voir l'effroyable réalité de son dernier geste.