Sale temps pour les pêcheurs, qui sortira dans les salles françaises le 2 mars 2011, est un de ces films qui donne plaisir à entrer dans une salle obscure. Déjà remarqué à la semaine de la critique, ce film d'une certaine réalité est à la fois onirique et splendide. Premier film dont le rythme est pour ainsi dire parfait, sans jamais qu'aucun essoufflement soit perceptible, tant la richesse du scénario -issu d'une nouvelle- et apparemment simple en apparence, nous mène au gré des contradictions ou des entêtements de ses personnages. La lumière du film enveloppe les scènes sans les rendre équivoques, comme cela peut souvent se passer, et, pour le personnage du lutteur allemand, le son semble lui conférer -c'est ce que j'ai ressenti- une compréhension de la situation dans laquelle il se trouve avec Principe Orsini comme toute sensorielle. Les scènes ne tirent pas la couverture entre elles sans pour autant risquer la platitude, car elles s'imbriquent comme les notes d'une portée musicale et vont crescendo jusqu'à un final qu'on ne peut subodorer que quand elle arrive ! Bref, une perle venue d'une réalisateur Uruguayen -Alvaro Brechner- maintenant installé en Espagne, finalisé au scénario avec son acteur et ami Gary Piquer qui campe un Orsini "asynchrone" dans la musique de la vie, ni perdant magnifique, ni gagneur émérite : tout simplement poussé par les événements qu'il précipite ou qui le précipitent toujours en avant et dont il n'est au fond qu'une marionnette au même titre que les autres personnages et il sera intéressant de regarder tous ces mêmes personnages dans la façon qu'ils ont d'interagir avec le fil du temps et où chacun peut devenir fort ou faible suivant son déroulement. Un film que n'auraient pas renié ni Krurosawa, ni Leone ou Fassbinder et qui ne laisserait pas insensible non plus Herzog. Une réalité impalpable ou un imaginaire prégnant pour un film où l'histoire pourrait se dérouler n'importe où mais qui ne se départit pas d'authenticité tout en étant pas localisable et donc accessible à tous, mais qui ne saurait être confondu avec les produits d'exportation que sont beaucoup de films qui véhiculent souvent un seul type de "décorum". Le réalisateur sait s'imprégner de ses références culturelles et cinématographiques sans les reproduire mais en les sublimant. Ou comment digérer la technique et savoir l'oublier pour rendre une oeuvre personnelle et attachante avec un talent certain.
brujitaroja
10
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le 23 févr. 2011

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