The salton sea part dans tous les sens pour faire corps avec cette drogue omniprésente qui construit ses ambiances. D. J. Caruso monte son film comme un gros trip sous LSD, et fait se côtoyer dans l'espace d'une même séquence réalisme morbide et hallucinations sur ressort pour camoufler la petite surprise qui viendra nous donner un petit coup de fouet une demi-heure plus tard. C'est en effet à ce moment là qu'on comprendra la présence d'autant d'ingrédients aussi disparates.
Pas sur pour autant que The Salton su eut besoin de cette justification tant sa créativité parle pour sa défense. Complètement décomplexé, D. J. Caruso se laisse aller à l'expérimentation et mélange les hommages pour nous livrer une bobine percutante qui possède son lot de séquences marquantes. On retiendra notamment cette présentation ultra clean d'un vendeur d'arme de ses joujoux qui semble tout droit sorti d'un Tarantino. Mais plus que ces petits effets tape à l'oeil, qui fonctionnent mais n'apportent rien de très personnel au film, c'est à travers le personnage incarné par Val Kilmer que D. J. Caruso va réussir à insérer sa sensibilité dans son film. Sans jamais choisir la voie de la facilité, le cinéaste opte pour un personnage ambigu, qui s'amuse à brouiller les cartes.
Val Kilmer semble être en harmonie avec son personnage. Il donne au punk jazzman qu'il incarne une belle énergie, qu'il doive la jouer brutal ou subtile, à l'occasion de flashback touchants qui nous permettent de découvrir la partie meurtrie de son personnage. Autour de ce dernier naviguent des tronches qu'on aime bien retrouver au cinoche. Luis Guzmán nous la joue petit truand misogyne qu'on se plait à détester, et D'Onofrio finit d'apporter au film une touche complètement WTF en dealer complètement marteau ayant perdu son pif à force de sniffer de la blanche. Les trois compères semblent prendre du plaisir à tourner pour Caruso, à commencer par Val Kilmer qui parvient à trouver un bel équilibre dans sa composition, ce qui n'est pas toujours (souvent ?) le cas !
En dépit de tous ces bons côtés, on finit la séance pas complètement convaincu, ou plutôt, on termine les hostilités sans être totalement rassasié. Cette folie qui habite le cadre, qu'elle soit de l'ordre de l'écriture ou de la mise en scène, reste en effet beaucoup trop en surface des choses pour réellement marquer les esprits. On passe un vrai bon moment, mais on a le sentiment que tout n'a pas été dit, que matière il y avait sur la table pour une explosion plus totale. Peut être est-ce sa fin un peu précipitée, pas vraiment assumée, un peu facile dans son déroulement, ou bien sa démesure constante, amusante mais peut être trop superficielle sur le long terme, qui empêche totalement The Salon Sea de s'élever.
Toujours est-il qu'avec ce Film D.J. Caruso nous offre une séance divertissante et qu'on serait bien ingrat tout de même de ne pas lui reconnaître cela :) Une belle surprise donc, et surtout un premier film qui laissait espérer de la part de son auteur d'autres propositions plus percutantes que ce conformisme dans lequel il s'est enfermé depuis, et dont le dernier bébé ampoulé est quand même le peu excitant I Am Number Four.