L'histoire du bandit Salvatore Giuliano, qui lutta pour l'indépendance de la Sicile mais dont les plans furent contrecarrés tant par la police, que par la mafia et les Etats Unis. L'originalité du film de Rosi tient au fait qu'on ne voit quasiment jamais le bandit et que le film commence par un plan sur son cadavre. Son histoire est racontée, par le biais de nombreux flashes-back et autant de retours au présent du récit, en creux, par ceux qui l'ont côtoyé, et le film se termine par une grande séquence de procès qui juge tous les gens qui l'ont aidé à monter cette insurrection. C'est un film ample et ambitieux, très intelligent dans sa construction, volontairement construit sans héros, il a à peine un visage, et dont l'aridité me fait parfois penser à l'Evangile Selon Saint Matthieu de Pasolini. Après comme toujours chez Rosi, c'est froid et démonstratif, car il fait partie de ces cinéastes italiens, à l'instar de Petri, Germi, etc. qui font des films pour tenter de rétablir un semblant de justice dans leur pays. C'est tout à leur honneur, et cela donne souvent, comme ici des films courageux, engagés, nécessaires; la contrepartie est que souvent, c'est le cas de tous les films de Rosi que j'ai vus, par exemple, c'est que l'émotion est absente, au mieux relayée au second plan. On ne peut pas tout avoir, et l'on se satisfera donc très bien de ce que le cinéaste nous offre.