Au commencement, il n'y avait rien.
Alors Dieu inventa les hommes.
Parce qu'il était bon et qu'il voulait que les hommes soit heureux, il inventa le cinéma.
Et pour guider les hommes, il donna naissance aux apôtres de cet art. Parmi eux : Akira Kurosawa.
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Sanjūrō est la "suite" de "Yōjimbō, le garde du corps", lui même remaké par Sergio Leone avec "Pour une poigné de dollars". On retrouve donc notre garde du corps préféré Sanjūrō Tsubaki (En japonais : Le trentenaire des Camélias), interprété par Toshirō Mifune, au millieu d'un complot dirigé contre le chambellan Hanbei, un homme cupide et veule joué par Takashi Shimura. Hanbei est secondé par un ronin, Murotô, un personnage d'une grande noblesse, fidèle à sa parole jusque dans la mort et interprété avec talent par le ténébreux Tatsuya Nakadai (déjà présent dans Yōjimbō, mais dans un tout autre rôle)...
Inutile de dire combien ce casting extraordinaire électrise totalement le film, tout ces acteurs on déjà plusieurs fois croisés la route de Kurosawa, leurs jeux est simplement incroyable et les voir se croiser et s'affronter est un vrai délice.
Comme souvent avec Kurosawa, il n'y a pas de vrai méchant dans le film, seulement des humains qui trichent tous plus ou moins, pour essayer d'améliorer leur quotidien. Sanjūrō, lui se joue du danger, en tacticien hors pair, il alterne d'un camp à l'autre, fait mine d'être du côté des comploteurs, mais s'autorise des incursions chez le chambellan tout en évitant de finir décapité par Murotô. Le jeu de chat et souris qui s'instaure à l'écran créé plus une ambiance de comédie dramatique que celle d'un Jidai-geki classique. Kurosawa ne juge pas vraiment les actions de ces personnages, il se contente de les laisser être des humains rongé par leur faiblesse et leur désir de possession ou de gloire. Avec sa dégaine de clochard que l'on croirait facilement manoeuvrable, Toshirō Mifune, fait ressortir la véritable noblesse de son personnage contrastant avec le ridicule et la bassesse des autres ronins qui l'entourent.
Le final, magnifique, nous gratifie d'un duel d'anthologie où Mifune tue à contre coeur Nakadai qui agonise dans une gerbe de sang explosive, symbole de la vie qui quitte le corps à toute allure. Les ronins, témoins de "l'exploit" de Sanjūrō, le félicitent. Lui, ému par la mort d'un homme honnête, se tourne alors furieux vers eux les menaçant de mort et leur expliquant que ce ronin était comme lui et qu'il sait maintenant que trop bien ce qu'il représente...