"Sans un bruit" en aura donc fait énormément par son immense succès mérité à travers le globe (341 millions de dollars de recettes pour un budget de 21 millions !). Évidemment, le concept de ces aliens belliqueux venus d'on ne sait où (de la galaxie de la Grande Oreille Rosée ? D'un monde parallèle dirigé par des ORL mutants ?) pour couper radicalement le sifflet à une humanité trop bruyante y était pour beaucoup mais l'intensité avec laquelle la mise en scène de John Krasinski nous maintenait constamment en tension tout en mêlant cet environnement de silence aux non-dits d'un trauma familial à forte densité émotionnelle (quel final !) envoyaient définitivement "Sans un Bruit" dans la catégorie des survivals à l'efficacité la plus redoutable de 2018 ! Mercantilisme hollywoodien oblige, un tel hit récent ne pouvait pas demeurer très longtemps sans suite et c'est donc trois ans plus tard (avec divers retards de sortie liés à la pandémie) que John Krasinski remet son épouse Emily Blunt et leurs enfants du film (la toujours aussi excellente Millicent Simmonds, Noah Jupe et un p'tit bout) sous la menace des dents pointues des bestioles à l'ouïe extrêmement sensible.


Pour fêter dignement nos retrouvailles avec cette petite famille désormais amputée de sa figure paternelle, John Krasinski ne choisit rien de moins que de nous faire vivre l'arrivée tonitruante des aliens dans la quiétude de la petite ville d'origine de ses personnages. Non seulement ce flashback à couper le souffle prouve instantanément que l'incursion du réalisateur/scénariste dans le genre n'était pas un heureux accident mais, fort d'un budget qui a triplé par rapport au premier opus, ce morceau de bravoure inaugural semble lui aussi mettre les bouchées doubles en alliant le choc spectaculaire d'une invasion surprise à une maîtrise formelle encore bien plus aboutie.
D'ailleurs, dès qu'un alien décidera de passer une tête dans "Sans un Bruit 2", John Krasinski nous scotchera inévitablement à notre fauteuil ! La variété de leurs nouveaux assauts deviendra clairement la principale attraction de cette suite et nous fera toujours ressentir au plus près aussi bien la terreur qu'ils injectent dans les yeux de leurs potentielles victimes que leurs décollements d'épidermes menaçants.
Si vous étiez seulement venus en demande d'encore plus de duels sous pression entre l'Homme et la Bête par rapport au premier film, "Sans un Bruit 2" vous régalera sûrement, et même plutôt généreusement, jusqu'à un final particulièrement haletant grâce à sa bonne idée de multiplier les face-à-face en simultané.


Par contre, si vous espériez à nouveau être emportés par les enjeux dramatiques qui animent les personnages en parallèle de ce jeu du chat et de la souris bruyante, force est de constater que cette suite peine à retrouver la puissance émotionnelle de son modèle. "Sans un Bruit 2" va tout de même retenter de relancer de nouvelles thématiques, notamment à travers les vascillemments intéressants du personnage brisé de Cillian Murphy, mais la manière de les répercuter sur un récit beaucoup trop cadenassé par des objectifs rudimentaires de survival post-apocalyptique aura énormément de mal à nous faire vibrer autant que le drame familial qui se jouait dans le précédent.
À notre grand dam, on se surprendra à espérer au plus vite une nouvelle attaque alien aussitôt qu'une autre se termine faute d'avoir des éléments suffisamment solides entre pour maintenir cette suite au haut niveau constant qu'avait réussi atteindre "Sans un Bruit" premier du nom.


John Krasinski réussit une nouvelle fois à terminer son film sur un dénouement pouvant tout aussi bien servir de conclusion définitive qu'à une ouverture à un troisième opus. Mais, à vrai dire, c'est quelque part un mal pour un bien que la franchise ne se poursuive (apparemment) pas avec un simple troisième épisode. Certes, le talent de son réalisateur pour nous en mettre en plein les yeux (et les oreilles) serait une de fois plus au rendez-vous -à ne pas en douter- mais, pour renouveler cet univers et retrouver les enjeux humains qui l'avaient si bien servi à ses débuts, le spin-off en préparation par Jeff Nichols apparaît désormais bien plus alléchant qu'une autre suite se contentant de maximiser sur les (bons) frissons délivrés par ces aliens allergiques au bruit.

RedArrow
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le 16 juin 2021

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