Satyricon de Federico Fellini est une adaptation du livre de Pétrone, un conseiller de l'Empereur Néron.
"Le livre me fait penser aux colonnes, aux têtes, aux yeux qui manquent, aux nez brisés, à toute la scénographie nécrologique de l'Appia Antica, voire en général aux musées archéologiques. Des fragments épars, des lambeaux qui resurgissaient de ce qui pouvait bien être tenu aussi pour un songe, en grande partie remué et oublié. Non point une époque historique, qu'il ett possible de reconstituer philologiquement d'après les documents, qui est attestée de manière positive, mais une grande galaxie onirique, plongée dans l'obscurité, au milieu de l'étincellement d'éclats flottants qui sont parvenus jusqu'à nous. Je crois que j'ai été séduit par la possibilité de reconstruire ce rêve, sa transparence énigmatique, sa clarté indéchiffrable (...) Le monde antique, me disais-je, n'a jamais existé, mais, indubitablement, nous l'avons rêvé.", explique Fellini dans "Fellini par Fellini". "Le film a été présenté en avant-première à l'American Square Garden, aussitôt après un concert de rock. Il y avait quelque dix mille jeunes gens. On respirait l'héroïne et le haschich dans la fumée de la salle. C'était un spectacle extraordinaire que cette armée fabuleuse de hippies arrivés sur d'incroyables motos et dans des voitures polychromes éclairées par de petites lampes (...) La projection ne fut qu'enthousiasme. A chaque plan, les gosses applaudissaient ; nombre d'entre eux dormaient, d'autres faisaient l'amour. Dans ce chaos total, le film se déroulait implacablement sur un écran gigantesque, qui semblait refléter l'image de ce qui avait lieu dans la salle même. Satyricon semblait avoir trouvé son site naturel, de manière imprévisible et mystérieuse, dans ce milieu parmi les plus improbables. Il semblait bien n'être plus à moi, dans le révélation soudaine d'une entente aussi secrète, de liens aussi subtils et jamais interrompus, entre l'antique Rome de la mémoire et ce public fantastique de l'avenir."
Satyricon marque le retour de Federico Fellini, qui n'a tourné aucun long métrage depuis "Juliette des esprits" en 1965).