Vivre sa vie : film en trois tableaux
La renaissance du cinéaste donc, selon Godard lui-même. Et beau retour aux sources, c'est moins abscons même si c'est toujours aussi inintelligible sur le plan sonore, moins pop aussi, mais étonnamment cruel et puissant, subversif, incroyablement cru (la partie "Commerce", certainement un monument du trash et de la perversion pour l'époque, surtout avec cette mise en scène sexuelle à quatre...), tout en restant assez magnifique - sans oublier la sublime et vibrante musique de Gabriel Yared, un grand retour à la musique originale chez Godard. Je vais paraphraser le critique Gérard Courant car il a dit quelque chose de très juste, comme quoi les images durent beaucoup plus longtemps que dans les autres films. Ce qui est tout à fait vrai car le cinéaste prend le temps de filmer la vie dans son ennui, avec un souci du réalisme assez conséquent. Les frontières entre le cinéma et la réalité disparaissent presque, comme dans son dernier film Adieu au Langage, mais cela reste un pur objet de cinéma, un drame social habilement maîtrisé et efficace, dont la conclusion amère est une des plus belles qu'on peut trouver dans l'oeuvre du cinéaste.