Si comme moi vous êtes adepte de la poésie et du bon goût rien de tel qu'un bon vigilante movie des eighties pour se remettre le verbe en place. Savage Streets - Les Rues de l'Enfer est un film de 1984 réalisé par Danny Steinmann (et commencé par Tom DeSimone avant d'être viré) qui s'inscrit dans toute une mouvance de films typiques des années 80 comme Class 84 - Angel - The Exterminator - Death Wish 2 - Vigilante nous montrant que déjà à cette époque avec ces saloperies de voyous et de sauvageons les rues n'étaient pas très sûres. Petite originalité toutefois puisque Savage Streets - Les Rues de l'Enfer offrait aussi la promesse (finalement non tenue à la vue du film) d'une guerre des sexes entre deux gangs.
Le film raconte donc l'histoire d'une bande de jeunes délinquants qui s'en prennent régulièrement à un groupe de jeunes copines étudiantes. Le cap de l'ignominie sera franchi lorsque les quatre voyous violent et laissent pour morte la jeune sœur sourde muette de la charismatique leader de cette bande de filles.
Savage Streets - Les Rues de l'Enfer est un pur film d'exploitation dans l'air de son temps et le film lorgne et vampirise quelques succès de son époque prenant à droite et à gauche des éléments qui ont déjà fait leur preuve. Le milieu scolaire en déliquescence fera penser au Class 84 de Mark Lester, l'héroïne badass et vengeresse évoquera Angel de Robert Vincent O'Neil et l'ambiance rape and revenge et justice expéditive fera fatalement penser à ce bon vieux Charles Bronson. Moins moustachu mais tout aussi couillu c'est Linda Blair qui endosse le rôle de l'ange de la vengeance avec toute la panoplie de l'héroïne bien badass avec tenue moulante en cuir , arbalète, langage fleuri et brushing à la Pia Zadora . On retrouve donc avec plaisir la comédienne révélé gamine par L'Exorciste de Friedkin qui tente dans les années 80 de s'offrir une seconde jeunesse avec quelques films comme celui ci ou Les Anges du Mal. Les amateurs de Scream-queens retrouveront aussi avec plaisir la toute jeune Linnea Quigley dans un de ses premiers rôles et qui incarne ici la jeune fille sourde muette qui sera violée et battue à mort par les voyous lors d'une séquence assez sordide. Pour le reste le film transpire les années 80 comme un vieux body après une séquence d'aérobic et c'est toujours un réel plaisir de replonger dans ces années VHS.
Savage Streets - Les Rues de l'Enfer est vraiment un pur produit de son époque et il ne faudra pas en attendre grand chose, le film jouant évidemment sur tous les ressorts qu'il devrait dénoncer avec une certaine complaisance . Si la mécanique de la vengeance va mettre près d'une heure à se mettre en place sur fond de rock braillard qui scande Justice for All, on pourra en revanche s'amuser tout le long du film de ses dialogues outranciers et orduriers avec une version française assez hilarante qui donne une véritable plus value au film. Pour vous donner une petite idée lorsque le film nous invite à un cours de poésie c'est pour disserter dans la bonne humeur sur la définition de tailler une pipe. Niveau dialogue et poésie on manie parfois la rime riche " Je vais aux toilettes / Sinon je vais mouiller mes chaussettes" ou le magnifique et Baudelairien "Tu adoreras mon gros salami / Tu verras Brenda / Je vais t'enfoncer mon salami si fort Brenda / Que personne ne le retrouvera" et parfois c'est beaucoup moins fin comme le plus brut " ça te fait rire sale pute d'accord on va te baiser". Tout le monde jure d'ailleurs comme des charretiers y compris le proviseur du collège qui traite ses élèves de "Petites salope" tout en précisant qu' "il adore ça".. Mais au registre des dialogues bien badass c'est tout de même Brenda (Linda Blair) qui assure en décochant les répliques comme les flèches de son arbalète, il faut la voir rouler des yeux comme si elle était encore possédée en lâchant le très joli "Pitié mon cul " et surtout lancer avec applomb à sa future victime ce fabuleux dialogue "Dommage que tu ne sois pas désarticulé / Comme ça tu pourrais te pencher et embrasser ton cul pour lui dire adieu mec !!".
Pur film d'exploitation carburant aux deux mamelles nourricières du bis sexe et violence , Savage Streets - Les Rues de l'enfer se laisse regarder d'un œil torve et amusé car outre la chatoyante version française qui reste du miel aux oreilles des cinéphages déviants, le film n'offre pas trop de raisons de se réjouir. J'ai tout de même failli mettre la moyenne par pitié et charité chrétienne jusqu'à ce que l'esprit de Linda Blair vienne me hurler à l'oreille ... "Pitié MON CUL !!!"