Bien que vieux de 15 ans, le film Saving my Hubby est une comédie coréenne très célèbre au pays du matin calme. Il réunit Bae Donna, désormais mondialement connue (films Tunnel, Jupiter Ascending), et Kim Tae Woo, qui jouit aujourd’hui d’une grande renommée grâce à sa filmographie très hétéroclite (films The Tooth and the Nail et Memories of the Sword). Très drôle, rapide et rythmé, le film remplit son rôle de comédie. Cependant, il réussit aussi à aborder le thème de la condition de la femme sur un ton qui évite d’être pesant.
Véritable héroïne du quotidien, Geum Soon part à la recherche de son mari en détresse, dupé par des escrocs qui se servent de son état d’ébriété pour lui soutirer de l’argent. L’inversion des rôles dans ce récit est d’autant plus impactant que les personnages féminins des films coréens classiques sont rarement acteurs de leurs aventures. Surmenée par les préparatifs avant la venue de sa belle-famille (moment souvent très tendu pour les Coréennes), la jeune femme doit partir à la recherche de son mari ivre mort et trouve le moyen de penser aux moindres détails de l’organisation malgré des rencontres saugrenues et dangereuses. Embarquée dans sa course folle, les spectateurs n’ont le temps, entre deux rires, que de se demander si elle arrivera à l’heure pour cuire le repas et accueillir ses beaux-parents. La femme au foyer, sauveuse et infatigable, devient alors une nouvelle figure héroïque qui est magnifiée tout au long du film.
Le récit raconte surtout la Corée noctambule pleine de ces employés qui vagabondent de bar en bar à la suite de leur supérieur. Il parle des travailleurs de la nuit, des malfrats, des miséreux, tantôt hilarant de ridicule, tantôt inquiétant d’étrangeté.
Comme dans de nombreux films coréens, les personnages marginaux parsèment la narration. Mais si dans de nombreux films, ils servent à apporter une touche d’humour ou à marquer un sujet social, dans Saving My Hubby, ils forment davantage le décor étrange du Séoul nocturne. Catapultée dans un lieu où une femme au foyer ne devrait pas être, l’héroïne traverse ce paysage d’humains bizarres et drôles à la recherche d’un époux introuvable. Bientôt prise en chasse par des mafieux à la fois tournés en ridicule et servant de pastiche aux films de gangster, la femme ne s’arrête plus de courir à la recherche de « Vis ta vie », le bar au nom significatif où son mari est détenu.
C’est aussi une vision moderne de la famille coréenne qui est donnée. La femme est le personnage principal du foyer et a une existence reconnue à l’extérieur de celui-ci. Le mari est présenté comme une créature fragile et faillible sur laquelle il faut veiller, mais il présente les traits d’un papa poule, qui veille sur son enfant et sa famille. La belle-mère, dont l’arrivée angoisse autant Geum Soon que les spectateurs durant tout le film, est dévoilée dans le final. Je ne vous spoilerai pas la fin et vous laisse découvrir cette figure maternelle vous-même si vous choisissez de visionner Saving My Hubby.
En somme, c’est un film hilarant que je vous recommande pour vos temps de détente. Si la pellicule a un peu vieilli, l’image reste très belle. Le son a une importance primordiale dans le déroulé du récit mais je vous laisse le loisir de le découvrir (un indice : Song Yi).
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