C'est désormais une tradition, fort de sa bonne rentabilité, Twisted Pcitures délivre à intervalles réguliers la dose de pièges machiavéliques : à chaque Halloween, son nouveau Saw, pour le meilleur mais surtout maintenant pour le pire.
Jigsaw est mort. Oui, je sais, je radote... mais c'est parce que la saga en fait autant.
Jigsaw est mort donc et s'est trouvé un héritier. Non, pas Amanda, un autre encore. Vous trouvez ça confus? C'est normal, c'est le premier qualificatif qui vient à l'esprit... et c'était déjà l'un des défaut du précédent.
Patrick Melton et Marcus Dunstan (ce dernier nom vous dit quelque chose? Normal, c'est le réalisateur de The Collector et sa suite, deux films très proches dans l'esprit de la saga Saw) rempilent donc au scénario de ce cinquième opus, étonnamment gentillet niveau gore ... et du coup un peu décevant (parce que soyons honnête, on ne regarde plus la franchise pour son scénario). Même le piège sympa du pendule (y'en a qui ont trop lu Edgar Alan Poe) reste finalement moins violent dans sa représentation que ce à quoi on a eu droit précédemment.
Darren Lynn Bouseman cède sa place à David Hackl (qui fait ses débuts derrière la caméra) et personne ne s'en plaindra. Mais ce changement de réalisateur ressemble à une victoire à la Pyrrhus : au style clipesque de Bouseman se substitue celui fade et sans identité de Hackl et Saw V ressemble à un vulgaire DTV de bas étage, à un simple téléfilm fauché, voir à un épisode de soap opéra. Au moins le montage frénétique de Bouseman, s'il était laid, avait le mérite d'injecter du rythme dans le long métrage, ce qui manque cruellement ici.
Et ce n'est pas les acteurs qui relèveront le niveau là encore, tous sont au mieux médiocre, certains en font même des caisses (Jill Tuck est une catastrophe chaque fois qu'il y a un gros plan sur sa tête). Hoffman fait ce qu'il peut pour tenter d'incarner un successeur crédible mais manque cruellement de charisme pour assumer le rôle. Et les scénaristes en ont bien conscience. Ils sont donc bien obligés de multiplier les flash-back incluant Tobin Bell, multipliant par là même les retcons et continuant de faire n'importe quoi avec la chronologie : Hoffman se retrouve disciple du Jigsaw en même temps qu'Amanda (que l'on ne verra pas), on apprendra même qu'il est impliqué depuis le début de la saga (ce qui est douteux pour peu qu'on prenne le temps de réfléchir). Un aveu de faiblesse pour une saga qui peine à trouver un second souffle et à trouver ses marques, indépendamment des premiers opus.
Pire, les scénaristes continuent d'accumuler les contresens concernant l'idéologie du Jigsaw, devenu une sorte de redresseur de torts, cherchant à offrir une seconde chance à des repris de justices (alors qu'à la base, la philosophie du Jigsaw concerne le prix de la vie, enseigné à des gens qui gâchent la leur, rien à voir donc).
Ce cinquième épisode de la saga avance donc mollement en appliquant de manière sage une formule désormais éprouvée faite de pièges plus ou moins sadiques et flash-back bancals, vers un twist final qui peine à nouveau à surprendre comme auparavant.
Globalement, celui ci est meilleur que son grand frère mais le cœur n'y est plus et ça finit par se faire de plus en plus sentir