Si le remake du film Scarface de 1983, réalisé par Brian de Palma est sûrement plus connu, la version originale de 1932 n’a pas à rougir, face à ce fait, bien au contraire ! Autant le dire dès le début de la critique, je fais partie de ce qui ont préféré le long métrage des années 30 dirigé par Howard Hawks et de Richard Rosson pour la toute première fois. Duo qui va signer l’année d’après le très apprécié « Après nous le déluge », avec l’actrice phare Joan Crawford. Bref revenons en à nos cicatrices.
Le film de Howard Hawks et de Richard Rosson raconte l’histoire de la montée en puissance de la mafia aux États-Unis, et plus précisément celle d’Al Capone, durant la prohibition. Par le biais de cette réalisation, les deux hommes critiquent l’Etat qui ne fait rien pour arrêter cette gangrène qui ronge de plus en plus le pays.
Pour interpréter le rôle principal d’Al Capone, qui se nomme Tony Camonte dans Scarface, la production s’est tournée vers Paul Muni qui avait alors joué seulement dans deux films muets et surtout dans "Je suis un évadé". On le verra par la suite dans des longs métrages incontournables comme « La vie d’Emile Zola » ou encore "Juarez" avec Bette Davis. Dans ce divertissement de 1932, Paul Muni est extraordinaire de par ses mimiques, ses grimaces (que j’ai retrouvées dans la version de 1983 avec Al Pacino), sa présence, son charisme. Son acolyte dans le film, Rinaldo, est joué par l’excellent George Raft. Il me fait penser à l’acteur Joe Pesci puisque là aussi c’est le bras droit du plus grand gangster, et c’est pourtant lui qui inspire plus la peur avec un visage exprimant un sang-froid presque inexpressif face à toute situation. Enfin, cette super production a également réuni Boris Karloff qui avait interprété l’inoubliable tout premier Frankenstein au cinéma en 1931.
Cependant, à l’époque ce chef d’œuvre a été controversé. En effet, le bureau de censure de New-York, qui était le plus puissant durant cette décennie, à décidé d’émettre une censure sur la fin de ce movie. Et pour cause selon cet office les dernières minutes transformaient les mafieux en victimes. Dans la version originale de Scarface, les réalisateurs avaient décidé de montrer le personnage principal, Tony Camonte pendu et c’est cela qui a été censuré au profit de la fin où l’on voit Camonte tenter de fuir les policiers avant de se faire abattre quelques secondes plus tard.
Le Scarface de 1932 a bien failli ne vraiment pas voir le jour puisque des sbires d’Al Capone, apprenant qu’un film était en train de se faire sur le dirigeant de la pègre, sont venus à la rencontre du scénariste Ben Hecht pour le menacer et le dissuader d’écrire ce scénario. Mais, il n’a pas cédé à ce chantage et à décidé de composer ce film. Ce scénariste écrira ensuite encore pour les plus grands réalisateurs comme Alfred Hitchcock (La Maison du docteur Edwardes, Les Enchaînés), Charles Vidor (Gilda), Ernst Lubitsch (Sérénade à trois).
Scarface est à n’en pas douter un film historique et légendaire a tout point de vue.