Abstention !
Après le désespoir absolu, donc la lucidité, d'Adieu les cons, qui lui a valu un très joli nombre de spectateurs ainsi qu'une belle moisson de César, Albert Dupontel s'enlise bizarrement dans une...
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le 26 oct. 2023
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Son film Bernie avait déjà un épatant homme politique/député joué par Philippe Uchan, qui voulait "ouvrir les bras" aux migrants; et comme Sarkozy, il se rendait sur une prise d'otages mais la logorrhée paranoïaque délirante du preneur d'otages lui faisait soudain se demander s'il ne s'était pas trompé de prise d'otages...l'hilarant Uchan rentrait dans mon panthéon; surtout le traitement de son personnage (traitement à la Quentin Tarantino bien avant Kill Bill et la mariée...)
Série de remarques en grand désordre, en "chienlit":
Une belle histoire de candidat à la présidentielle arrivant au second tour mais dont les financiers le soupçonnent finalement de vouloir trahir leurs ordres, une fois élu.
En promo, Dupontel a beaucoup parlé des discours de Robert Kennedy, qu'il idéalise un peu: il conseillait d'aller écouter un des discours improvisé de Bob le jour de l'assassinat de Martin Luther King.
Le film (me) fait rêver à une vaste Opération Mains propres. Et il semble en rêver aussi.
Il m'a plutôt rappelé par exemple le programme d'Eva Joly, la belle verte, en 2012: une juge financière qui pensait faire une chasse européenne coordonnée contre les couteux escrocs de la Finance...puis de par exemple faire des saisies pour financer la lutte contre l'écocide!...tous les juges des Parquets Financiers auraient été en harmonie et réseau, pour fondre sur les parasites nuisibles...qui ont réussi/réussissent à toujours faire élire leur candidat (certains prétendant être leur "ennemi"):
_ils réussissent souvent par la peur. "La peur?! ...les gens comme vous, ne savent faire que ça , pour nous dominer" (dit ici Cécile de France en journaliste; par exemple: "va y avoir la guerre, faut se préparer"...)
A sa sortie, je lisais que le film est "naïf" et un "conte",
alors que son fond est en fait très factuel, très terre à terre, archi prouvé et incontestable ("les abeilles sont clé" etc.)
Notamment aussi au sujet par exemple de l'état de nos sols, air et de l'écocide etc.
Donc on se demande qui sont les naïfs et qui se la ra-conte?
Je regrette de l'avoir raté en salle car c'est un de ses moins forts dans le format de ma pauvre télé.
Sur le fond, je comprends mieux pourquoi il a été un peu descendu par des critiques et des télés car il s'en moque ici gentiment...(le journaliste de la campagne suivant la voiture du candidat est recouvert du caca d'une moto-crottes...ça rappelle le journaliste à moto ayant réussi à suivre et filmer un président en 1997...Jan Kounen faisait se torcher le cul un de ses personnages avec un Cahier du Cinéma...une femme sortait d'une poubelle avec un Libé collé au front dans un Jean-Marie Poiré...ici, un journaliste se fait emmerdé de la tête aux pieds...)
Des télés et critiques ont tenté de décrédibiliser Dupontel par l'habituelle technique de l'appeler un doux rêveur idéaliste artisto-poète, pour mieux présenter les dirigeants diplômés comme réalistes pragmatiques.
Alors que les naïfs sont ceux qui contestent les chiffres et faits du candidat fictionnel du film...
Son constat sur l'écocide et diagnostic au sujet de nos sols et airs, ne sont eux pas fictionnels du tout.
Par exemple, l'explosion des cancers est un fait: quasi certain d'être majoritairement à cause d'empoisonnement industriel et non à cause de notre "hygiène personnelle de vie"(sic)...
sinon, comment expliquer l'explosion des cancers chez les enfants: on peut pas dire qu'ils baisent trop, boivent trop ou fument trop!
ils fument nos voitures! etc.
mangent nos additifs,
vivent dans notre air empoisonné...
Même pris la main dans le sac, même condamné plusieurs fois par la justice, les industriels continuent de vendre du poison (dont ils connaissaient la nature dés le début: voir Dark Waters)
Comme ici, ils financent et font gagner des candidats qui les arrangent: des stagiaires de leur entreprise étendue?
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Je regrette de l'avoir raté en salle notamment pour les scènes où la caméra et montage prennent la place d'abeilles lors de la scène de la découverte et visite de la ferme de l'apiculteur...la caméra valse autour des ruches comme une abeille.
Puis la camera prendra plus tard la place d'un aigle pour montrer la beauté de la nature et montagne...
Plus tôt, la camera prenait la place de mouches à merde lors de la réunion de financiers banquiers lors de la scène de la réunion et cock-tail.
Dans les trois scènes, on tourne autour des personnages, présentés alors dans un ensemble que l'on découvre: la caméra est aussi comme une âme/conscience volante?
Ma scène favorite est le (trop) court hommage aux chercheurs qui nous sauvent du cancer et autres: "...entre deux passes, je fais aussi un peu de la recherche" dit la chercheuse. Elle résume très bien le temps fou que perdent des chercheurs à remplir des papiers et chercher de l'argent (alors que qualifiés et diplômés pour faire autre chose)...des culs-de-plombs comme moi devraient remplir ces papiers et passer ces appels, pas des scientifiques diplômés et experts en autre chose...ce film en parle dans une belle scène et avec actrice épatante qui mélange humour, détermination mais aussi avec un zest de désespoir ( Christiane Millet).
*****************************************************************************************************Vus les flashbacks et sa bio, je dirais que ce candidat fictionnel est un mélange de Thomas Piketty,
avec la tête frisé de Patrick Pelloux?
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Reste que le film est parfois lourdingue:
_le 'il dessinait tout en double' fait le bruit d'une locomotive et fait énorme clin d'oeil à la caméra dés le début...même si c'est totalement vrai que des *********** séparés dessinent en double (j'aurais mis ça plus tard, après la révélation)
_le 'les abeilles sont clé' à notre survie, est victime de son évidence et répétition en vain depuis 50 ans...c'est beau de le répéter mais
ce film est 30 ans trop tard; Coline Serreau a fait tout aussi fort , en vain aussi.
Hélas, le temps de l'art et le temps des explications semble dépassé.
Tant pis pour les négationnistes à la traine, comme par exemple la matrone des journalistes:
_"Et vous! Voilà vos questions!" (dit cette cheftaine des journalistes en les jetant à son enquêtrice qu'elle croit de paille...ça doit pas plaire cette scène...mais faut parfois écouter les questions de Léa Salamé le matin...c'est parfois pas loin de "...alors c'est vrai, que petit, il adorait les poneys?")
"Euh! ...même au foot, on a le droit d'un peu critiquer" souffle à juste titre Nicolas Marié.
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Créée
le 2 mai 2024
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