Daniel Espinosa prouve avec Safe House qu’il connaît et maîtrise les codes du film d’action contemporain : caméra à l’épaule, rythme effréné, cascades impressionnantes, cavale en pleine Afrique du Sud ; il avance sous perfusions Paul Greengrass, mais ne cherche à aucun moment à s’affranchir de son modèle pour en proposer des variations plus personnelles. Le réalisateur de Life accouche d’un rejeton efficace et immersif, néanmoins abâtardi par un cahier des charges respecté à la lettre, sans fulgurances ni pauses réflexives. L’essentiel est de cogner, d’exploser des voitures, d’orchestrer la séparation puis les retrouvailles d’un homme avec celle qu’il aime – une Parisienne – via la poursuite puis l’aide d’un espion traqué par tous les pays du monde. Le duo formé par Ryan Reynolds et Denzel Washington, quoique réussi, ne restera pas dans les mémoires, à l’instar du long métrage qui, s’il exécute honnêtement son récit, souffre néanmoins de longueurs et d’un statut de production commandée par les studios pour « surfer sur la vague » Jason Bourne ou ersatz en tout genre.