Quand Tom Hanks affrontait la solitude sur une ile déserte

Du gamin devenant adulte du jour au lendemain dans Big à l’avocat atteint du sida dans Philadelphia, d’un autiste racontant sur un banc la fabuleuse histoire de sa vie dans Forrest Gump à un gardien chef travaillant dans le couloir de la mort dans La ligne verte, l’acteur le plus demandé au monde est de retour pour un nouveau film bouleversant. Tom Hanks retrouve une nouvelle fois Robert Zemeckis et joue les solitaires sur une ile déserte, tentant de retourner chez lui retrouver sa femme…


Nouveau défi pour Tom Hanks


Tom Hanks, il n’a plus à faire ses preuves. Ses films font partie des plus gros succès du cinéma. Après les bouleversants Forrest Gump, Philadelphia, Il faut sauver le soldat Ryan, et La ligne verte, l’acteur retrouve le réalisateur Robert Zemeckis pour Seul au monde, nouveau bijou du cinéma dramatique. Avec son nouveau film, Tom Hanks se lance dans un nouveau défi unique. Seul à l’écran pendant la majeure partie du long métrage, perdant plus de 22 kg, se laissant pousser la barbe, apprenant à localiser les sources d’eau potable, trouver de la nourriture, utilisant un silex en guise de couteau, se fabriquant seul un habitat et une nouvelle garde robe, il arrive encore à nous émouvoir et nous époustoufler par tant d’authenticité et d’émotion dégagée par le personnage qu’il interprète. Plus qu’un acteur, le symbole de la bonté elle-même.


Chuck Noland a tout pour être heureux : un boulot qui lui plait, une femme qu’il aime par-dessus tout et qu’il est sur le point de demander en mariage, des amis, une belle maison. Jamais il n’aurait pensé un jour perdre tout ça lors d’un crash d’avion. Sa vie fonctionne comme une horloge, tout comme d’autres hommes travaillant dans le domaine de la livraison de paquets, le travail de Chuck ne semble jamais s’arrêter. Fedex, l’entreprise pour laquelle il travaille, c’est finalement comme un organisme vivant. C’était donc l’emploi idéal pour notre héros afin de débuter son histoire et ainsi, donner de la crédibilité à sa future évolution.


Seul sur une ile pendant plus de 4 ans, Chuck va évoluer, changer, découvrir les choses comptant le plus dans sa vie, se dépouillant de tous ses artifices tels que son bipeur et surtout sa montre. Le plus gros fardeau dans la vie de Chuck étant l’horloge. Enlevez à une personne ses grandes distractions lui permettant de suspendre sa vie au bout d’un moment, retirez lui tout ce qui remplit sa journée détournant son attention sur ce à quoi elle préfèrerait pouvoir faire attention, et une fois que tout cela disparait, ce qui sera le cas de Chuck à qu’il ne reste littéralement plus rien, voyez quelles en seront les conséquences.



J’aurai jamais dû monter dans cet avion, j’aurai jamais dû descendre
de cette voiture.



Trouver un sens à sa vie quand il ne vous reste plus rien de matériel


Une personne a qu’il ne reste plus rien de ce qu’était sa vie, comment va-t-elle finir ? Comment va-t-elle gérer le changement ? Cette personne va-t-elle finir ermite ? Va-t-elle plutôt se tourner vers la spiritualité ? Seul au monde explorera ces questions existentielles, tout en nous montrant quel type d’homme a des chances de survivre sur une ile déserte. Qui a les qualités requises ? Qui est capable de survivre en milieux hostile ? Au cours des 4 années où Chuck passera sur l’ile, il y a cette rupture lui faisant dire finalement : il n’y a plus rien à quoi je puisse penser. Je dois manger, boire afin de rester en vie et ce, même si je dois terminer ma vie ici.


Tout comme n’importe quel être vivant ce que vivra notre héros, ce qui manquera à Chuck, c’est de pouvoir fixer son attention. Ce qu’il vit est un nouveau sale coup du destin, la malédiction de Tom Hanks comme j’aime l’appeler, mettant souvent les hommes bons à l’épreuve. Tom Hanks illustre à merveille la peur et l’inquiétude, le désespoir, l’isolation, la tristesse, l’euphorie et même la folie dû à sa solitude de 4 ans en tant que naufragé sur une île déserte. Autre point important : comment garder sa santé mentale, seul sur une ile déserte où les heures durent une éternité? Bien entendu, l’humain lambda va instinctivement se parler à lui-même ou peut être s’inventer un compagnon fictif pour permettre la conversation. Celui-ci ne va pas se mettre à parler à son bon coté puis à son mauvais.


Du feu, de l’eau, de quoi manger, de quoi s’abriter et de la compagnie, voila les cinq éléments primordiaux, indispensables à la survie de l’homme. Sur une ile, comment créer cette compagnie ? On aurait pu avoir des éléments imaginaires ou des visions. Non, dans Seul au monde, par accident mais de façon concrète, on va donner un ami pour le moins original à Chuck : un ballon de volley ball. Avec son sang, Chuck créé un visage au ballon, lui donne une identité, lui donne un nom, tout en lui donnant une âme. Original, drôle tout en surprenant le spectateur à se retrouvé verser de nombreuses larmes pour un objet inanimé de loisir, Chuck se liera d’amitié avec ce ballon nommé Wilson, le ballon le plus célèbre du monde, l’objet le plus symbolique de l’histoire du cinéma. C’est ici qu’on va comprendre que Seul au monde, c’est du grand art, un chef d’œuvre, une leçon de vie combinant tristesse, peur, joie, rire. Quel chamboulement intérieur ! Déchirant.



C’est à ce moment là qu’un sentiment m’a envahit, comme une couverture
bien chaude. J’ai su, d’une certaine façon, que je devais rester en
vie. D’une certaine façon, je devais continuer à respirer...



Nouvelle hymne à la vie signée Robert Zemeckis


Robert Zemeckis, c’est tout comme Tom Hanks, un grand du cinéma américain. Avec sa nouvelle œuvre, il va vous faire vivre une nouvelle aventure à la fois magnifique et cruelle, trouvant le moyen de vous donner une nouvelle leçon. Spectaculaire (rien que la scène du crash rivalise avec les plus grands films catastrophe), Seul au monde n’a pas peur de choquer quand il le faut, nous rappelant que nous ne pouvons rien contrôler dans nos vies, que nos choix peuvent avoir de bonnes ou mauvaises conséquences. Nous ne sommes pas maitres de notre destin.


Multipliant les cadrages soignés dans des vrais et fabuleux décors changeant lors des intempéries, la montée de la marée, et le soleil se levant et se couchant, travaillant minutieusement sur les fonds sonores et ses moments de silences à la fois paisibles et peu rassurants, Seul au monde nous montre notre tendance à croire que l'on domine la nature sauvage, contrôlant sans mal ce qui la compose. Ce n'est pas le cas. Mère nature, on peut l’influencer, jamais la contrôler. Elle fait ce qu’elle veut quand elle veut. Quand on se retrouve seul face à elle, que l’on est un moyen de se défendre ou non, on comprend que l’être humain n’est en réalité qu’une simple fourmi face à l’environnement dans lequel il a élu domicile. C’est ce que découvrira Chuck durant son aventure qui changera totalement de ton vers la fin du film. Une nouvelle morale à retenir et à essayé d’appliquer.



Demain le soleil se lèvera, et qui sait ce que la marée peut apporter.



Au final, tant par son message transmis que par l’interprétation de Tom Hanks et la charmante/souriante Helen Hunt, la mise en scène, les musiques, les scènes dérangeantes, les scènes tristes, les scènes drôles, les scènes héroïques, les métaphores verbales liées au thème et éléments de notre intrigue, l’histoire vécue ET par le personnage de Chuck, ET par nous, spectateurs, Seul au monde va sérieusement vous retourner. Un voyage initiatique extraordinaire qu’on aura beau revoir de nombreuses fois jusqu’à le connaitre par cœur, il continuera de nous émouvoir, sa musique remarquable signée Alan Silvestri, continuant de raisonner longtemps dans nos oreilles et notre cœur. Le film qui rappelait que le confort de nos vies n'est que superficiel. Brillant.

Créée

le 12 nov. 2017

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Jay77

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