Seul Sur l'Océan Pacifique conte l'étape la plus importante de la vie de Kenichi, qui va réaliser le rêve qui traversa au moins une fois l'esprit de chacun d'entre nous : se retirer de la société, et partir à l'aventure, pour enfin vivre.
L'aventure de notre ami ou plutôt son rêve est de quitter le Japon, pour se lancer dans la traversée du Pacifique en solitaire, dont l'objectif final est de rejoindre San Francisco. Récit d'aventures oblige rien ne passe comme prévu, et les obstacles s'enchaînent, mais ne découragent pas Kenichi. Enfin, il s'en sortira quoiqu'il arrive, franchement aucune surprise de ce côté-là.
L'intrigue peut paraître simple, mais Ichikawa arrive à intégrer dans ce récit une critique très juste, justifiant ce que fuit Kenichi. Ceci lui permet d'autant plus de tenir face aux différentes péripéties qui l'accablent. Pour se faire le cinéaste use de flash-back plutôt bien amenés, retraçant sa préparation, et son « combat » pour convaincre sa famille. Mais c'est également dans les plans urbains bien sombres qui tâchent face au bleu profond de l'océan, qui accentue l'idée d'un récit écologique, et contre le monde moderne. Mais ce n'est pas le thème central du film, d'ailleurs question écologie Kenichi mérite certaines leçons. Quoi qu'il en soit c'est lors des premières minutes d'Ichikawa dévoile de manière plutôt originale son propos : ambiance oppressante, idée d'un monde quasi-totalitaire, donnant même l'illusion d'un film sur la résistance. Mais que nenni ! Ce jeu lui permet de défendre sa quête pour la liberté, car cette ambiance va se dissiper au fils du récit.
En d'autres termes plus notre jeune navigateur va s'éloigner de la civilisation, plus l'ambiance sera accueillante et chaleureuse. Question ambiance chaleureuse le film offre quelques moments d'humour, tantôt par les monologues du protagoniste, tantôt par ces réactions et attitudes. La solitude va d'ailleurs justifier l'insertion de ce genre de scènes, ceci par la folie, un maintien d'une certaine pudeur, ou encore des répliques épicées. Mais ne mettre l'humour que sur le compte de la solitude serait oublié la maladresse de notre apprenti marin, surtout au début de son périple. En somme, le scénario promet de bons moments, et ne tombe jamais à l'eau.
Concernant l'esthétique et la mise en scène, ce n'est pas exceptionnel. Il faut dire qu'après avoir vu Kokoro, Seul Sur l'Océan Pacifique fait figure de petit film, une oeuvre légère sans grande prétention. Malgré quelques maladresses, la photographie est par moment superbe. Je pense surtout aux plans larges en pleine mer, ou encore l'arrivé de notre navigateur sous le pont de San Francisco.
En somme malgré ces qualités scénaristique, et surtout d'ambiance, ce film n'est pas le meilleur porte-bannière de la carrière de Kon Ichikawa. Simplement, un très bon film pour tous ceux qui veulent partager le rêve de Kenichi, et durant 90 minutes auront l'impression de voguer sur l'océan pacifique.