En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout faux. Celui-ci a trouvé le moyen de se retrouver seul sur Mars, abandonné comme une merde par les membres de son équipage qui le pensait mort, les cons. Commence alors une espèce de Koh Lanta de l’espace avec tous les rudiments de la survie en milieu ultra hostile expliqués pendant plus de deux heures. Genre comment faire pousser des patates avec son caca, comment fabriquer de l’eau, comment parcourir plus de trois mille kilomètres sur une planète sans nationales ni ronds-points, comment tout ça.


Vu que la Nasa se creuse les neurones pour aller récupérer son gus coincé là-haut dans les étoiles, t’as droit aussi à tout un tas de considérations astro-mécano-physiques dont tu ne comprends pas grand-chose (et dont tu te contrefous, en vérité). Le film alterne donc vie martienne (de Mark) et quotidien terrestre (de la Nasa) de façon désespérément banale, l’un s’échinant à survivre et les autres à trouver une solution pour sauver leur botaniste star. Axé davantage sur l’épreuve physique que sur l’introspection psychologique (Mark, confronté à une solitude absolue, ne paraît jamais souffrir de ça, à l’aise comme s’il passait ses vacances au Club Med du coin), Seul sur Mars se révèle finalement d’une inconsistance assez prononcée en terme de subtilité subtile (garde espoir, apprends de tes erreurs, aime ton prochain, blablabla). Pour l’aventure humaine, tu repasseras.


Autre problème : le scénario de Drew Goddard oscille constamment entre gravité et second degré, assurant au film une forme bancale (et ingrate) qui semble toujours hésiter à vouloir faire un truc sérieux ou décalé ou haletant (ou les trois à la fois ?). Ce micmac comico-pédago-pragmatique finit par saper toute tension, grandeur et danger, et déconsidérer immensité et inconnu, vide et cosmos, ramenés ici à des fonds verts interchangeables. Effet pervers donc : te voilà autant détaché du personnage que de sa situation (tu n’as jamais vraiment peur pour lui, peut-être un brin soucieux par moments, allez, avoue) sachant, au vu de la tonalité du film, qu’il y a de grandes chances pour qu’il s’en sorte sans un os (hélas).


Et si les étendues sauvages de Mars sont magnifiquement restituées à l’écran (une partie du film a été tournée dans le Wadi Rum en Jordanie), et si les acteurs font correctement leur boulot (Matt Damon et Jeff Daniels en particulier), et si Ridley Scott n’a visiblement pas perdu la main, tout ça reste trop long, trop formaté et trop prévisible avec, sur la fin, la Terre entière (de Times Square à Pékin en passant par Londres) s’émouvant, dans un même élan pleurnichard, du sauvetage médiatique de Mark (les scènes sont d’une émotion assez puante). Sur fond de tubes disco pas toujours appropriés (râle moqueur quand résonne le Waterloo d’Abba sur fond de paysages ocres), Seul sur Mars déroule sa grosse mécanique huilée sans l’once d’une originalité. Il y a peut-être de l’eau sur Mars, mais pas vraiment de plaisir.


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mymp
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le 11 oct. 2015

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