D'après les avis que j'ai lus, je pense avoir une approche et un visionnage totalement différents du film de beaucoup de personnes. On parle énormément de solitude et, très souvent, ce mot devient le thème central du film, le sens premier, le mot auquel il tourne, mais je ne suis pas d'accord.


Pour moi, ce film montre Del en deuil après avoir perdu sa famille, solitaire depuis de nombreuses années à voir chaque jour des cadavres de personnes qu'ils connaissaient, le renfermant ainsi sur lui-même. À l'arrivée de Grace, celui-ci retrouve petit à petit un lien avec la société et une autre personne, se réveillant de son cocon petit à petit en redécouvrant la vie. Tout le long de la première partie, Del donne l'air de détester la société, pourtant, et d'être misanthrope, mais la deuxième partie du film montre le contraire.


Del est séparé de Grace et, en définitive, est renvoyé à sa vie d'avant, enfermé dans le passé des photos qu'il récolte, enfermé dans ses souvenirs, enfermé dans sa ville. Alors, s'en rendant compte, il décidera d'aller chercher son amie, décision qu'il prendra avec un plan des coordonnées sur le livre Métamorphose de Kafka. Je ne pense pas que ce soit un détail. Après être sorti de sa bulle, après avoir retrouvé son amie, l'une des dernières scènes montre une ville habitée et vivante, où des habitants vivent comme si rien ne s'était passé, les plans donnant, eux, l'air qu'ils sont ici et pourtant ailleurs.


En bref, après avoir survolé ce scénario selon ma vision, voici la vision du film :


C'est une critique ouverte à la société, d'où l'importance de la Métamorphose de Kafka, et notamment de la fausse vie que l'on a. Les habitants de la ville où vivait Grace sont enfermés dans leurs bulles, continuant de vivre en jouant la comédie du quotidien, vivant sans vivre en imitant donc simplement la vie d'avant. Del était, avant l'arrivée de Grace, pareil. Mais, en la côtoyant, il va se remettre à vivre pour de vrai et ressentir de la joie à faire ce qu'il faisait, joie qu'il va perdre quand Grace partira (le plan où il pêche seul après son départ montre que l'activité est devenue vide de sens). Le thème principal n'a donc jamais été pour moi la solitude, mais la fausseté du quotidien et un ridicule amené par le réalisateur qui met en scène un monde en ruine où les survivants vivent à leurs habitudes. Le père adoptif de Grace est le dernier point à noter : Il désire effacer les malheurs, la tristesse, les souvenirs et la nostalgie afin de vivre dans le bonheur seulement. Il créerait donc un bonheur artificiel dénué de sens, une société, créer une société ressemblant étrangement à celle d'aujourd'hui. Il désire transformer les humains en robots, les rendant incapables de vivre, car la vie se fait de toutes ces choses.


(Ps : ce film n'est évidemment pas pour tout le monde et je me désole de voir des critiques du style : "C'est long, c'est chiant...". Évidemment que c'est long, c'est fait exprès afin de mettre en avant la simplicité de la vie et sa beauté, les plans des paysages sont incroyables et l'ambiance générale est dingue, mais si vous n'êtes pas capable d'observer plusieurs images pendant 15 secondes, alors ne regardez pas ce film... Il se met dans le même registre que HER, A gosth story ou encore Perfect Days, savourez donc l'ambiance, les musiques, les images et l'acting sans laisser vos préjugés prendre le dessus.



TothGW
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