Une sœur pour chaque jour de la semaine. 

Spécialisé dans la réalisation de films horrifiques bien tendus, le méconnu réalisateur Tommy Wirkola change de registre en s'attaquant à un sujet extrêmement sérieux et bien réputé dans le monde du cinéma, celui de la surpopulation de la Terre. Passer du genre cinématographique d'épouvante à celui de la science-fiction n'est pas forcément une étape fort délicate à parcourir mais ce n'était pas non plus un obstacle fort périlleux à franchir pour le réalisateur. Exploiter un sujet déjà raconté maintes fois et sous toutes les formes scénaristiques n'est pas non plus une façon de se démarquer des autres réalisateurs, on pouvait très bien se demander ce que le metteur en scène allait nous pondre comme histoire sans qu'il ait à reprendre d'autres travaux traitant le même sujet et sortis jusqu'à aujourd'hui.

Inévitablement, on retrouve quelques clichés de ce genre de production comme les habitants limités dans la consommation de nourriture, le fait d'obéir à une société draconienne et surtout l'obligation pour chaque couple de créer un seul enfant, système qui nous fait bien penser à celui de la politique de l'enfant unique qui faisait plus ou moins rage en Chine. Cependant ! Chaque réalisateur peut très bien aborder un sujet identique en renouvelant un scénario, en imaginant des nouvelles situations, en les racontant différemment et c'est exactement ce que j'ai vu. En se basant sur un système politique inconcevable et inquiétant, le réalisateur avait toutes ses chances de donner un coup de fraîcheur redoutable sur un sujet habituel du cinéma, et encore plus quand il met l'accent sur une famille composée de sept sœurs, toutes contraintes de rester dans un appartement sauf sauf au jour correspondant au nom donné à chacune d'entre-elles.

Avec ce détail scénaristique, on peut exploiter largement plusieurs thèmes comme la survie, la dénonciation d'un système scabreux, la corruption et l'abolition d'un organisme mensonger, de quoi faire un bon cocktail d'éléments bien façonnés et faire plaisir à un large public de cinéphiles. Une des plus grandes et salutaires prouesses qu'on peut remarquer pendant le visionnage est l'interprétation bluffante et exceptionnelle de l'actrice Noomi Rapace, ne campant pas seulement deux rôles comme c'est souvent vu dans les films mettant en scène deux frères ou sœurs jumelles mais carrément sept sœurs jumelles, toutes différentes et définies selon un caractère bien spécifique de la femme comme la bagarreuse, la jalouse ou la binoclarde informaticienne. Le problème, c'est que les sœurs sont assez mal définies, il manque une certaine intensité relationnelle entre-elles (Marre de rester enfermée dans un appartement, jalouse de ne pas profiter d'un jour de week-end, craquage total émotionnel,...).

Je trouve que c'est la meilleure interprétation de toute sa carrière avec la trilogie Millenium, donner vie à sept personnages dans un même film n'est pas donné à tout le monde et Noomi s'est très bien débrouillée pour passer d'un rôle à un autre sans exprimer la moindre gêne. Au moins, ça compense largement de l'interprétation piètre et pénible de l'actrice Glenn Close qui joue constamment le même genre de rôle, toujours un rôle supérieur bien placé hiérarchiquement et c'est un triste constat de voir une actrice contrainte à camper le même type de rôle depuis un certain temps. C'est notamment plus triste de voir un Willem Dafoe encore limité à un rôle secondaire alors que ce dernier a un énorme potentiel pour ajouter un certain charme valable dans une production. Malgré ces points décevants, je n'étais pas non plus rassuré sur la bonne qualité visuelle du film.

Suite au visionnage du long-métrage Hansel & Gretel : Witch Hunter réalisé par le même réalisateur, j'avais jugé avoir passé un moment très jouissif devant cette production mais je me rappelle avoir vu un film avec une mise en scène confuse et des scènes d'action pas forcément lisibles. Fort heureusement et étonnamment, la qualité visuelle des scènes d'action de ce long-métrage n'a rien à voir avec celle de son précédent long-métrage, c'est même tout le contraire d'ailleurs. On est dans une norme standard, conforme pour nos yeux et assez punchy pour nous sagement divertir, sans omettre quelques bonnes idées de mise en scène comme le fameux plan dynamique de Noomi se mesurant à un policier armé de son pistolet ou le combat féroce entre deux sœurs dans les chiottes.

J'ai comme l'impression que le réalisateur s'est bien inspiré du travail de certains de ses semblables. En tout cas, on peut constater un travail différent et bien plus soigné que celui de son précédent long-métrage. il a su maintenir un suspense accrocheur, rendre attachante chaque sœur et raconter une histoire banale sans que ce soit forcément du pur recyclage et ça, c'est toute la récompense d'un travail bien étudié avec minutie, sans compter la mise en place d'un univers futuriste qui peut très bien ressembler à celui qu'on aura dans les prochains jours. 8/10

Ce qui arrive à l'une d'entre vous, vous arrive à toutes !