Sex & fury jouit d'une réputation sulfureuse, plutôt compréhensible étant donné que pendant près de 90 minutes, Norifumi Suzuki y laisse parler les corps avec générosité. Sous prétexte d'une histoire de vengeance très classique, il nous narre cette quête de violence dans laquelle s'embarque la jolie Reiko Ike en entremêlant son récit de scènes érotiques respirant la liberté. Sans aucune retenue, sinon celle de tomber dans la grossièreté, elles sont surtout réalisées avec une belle inspiration, qui les inscrit pas forcément gratuitement dans le récit. Bien entendu, Norifumi Suzuki connaît son public, et sait que pour vendre sa bobine, des poitrines généreuses sont un argument de poids, mais résumer Sex & Fury à ce simple défilé d'orgies légères serait lui manquer de respect, il est bien plus que cela.
C'est à une réelle démonstration visuelle que se livre Norifumi Suzuki dans ce qui deviendra, à juste titre, une référence incontournable des films de Pinky violence. Y compris dans ses scènes érotiques, qui sont toujours portées par des trouvailles graphiques qui nous feraient presque oublier leur nature. Celles impliquant Reiko Ike par exemple sont assez particulières. Dès l'introduction de son film, Norifumi Suzuki nous présente ce personnage comme une guerrière sans état d'âme, qui tranche des bras comme elle se joue des hommes, pour parvenir à ses fin. La mise en valeur de son corps, comme une arme avant tout, fait que chaque scène érotique qui l'implique par la suite sonne davantage comme un effort stratégique que comme un épisode de luxure à proprement parler. Quand on la voit combattre, partiellement dénudée, on ne se rince pas l'oeil, on apprécie plutôt l'hommage qu'elle fait au chanbara en désossant ses adversaires avec la minutie que lui offre sa lame. Bien entendu, quand on lance un pinky violence, on s'attend à un petit quota de charme. Dans Sex & fury, il est plus que respecté, même explosé. Mais il est avant tout en osmose avec une intrigue qu'il contribue à développer, empêchant le film de sombrer dans un étalage érotique gratuit qui pourrait s'avérer graveleux.
Cette subtilité graphique que l'on retrouve dans les scènes charnelles vient jouer la carte du contraste avec le côté électrique de la trame plus classique. C'est en effet sous un déluge de couleurs que Norifumi Suzuki déroule son histoire. De cette première image qui viendra marquer nos sens, une main tenant des cartes dans une marre de sang, au final nerveux, qui voit Reiko tomber le haut pour embrocher des garde du corps, jamais le rythme de Sex & Fury ne faiblit.
Sex & Fury est loin d'être un film parfait, son plus gros défaut - aussi sa plus grande qualité ^^- étant son casting. En dehors de Reiko qui assure vraiment, tous les acteurs sont en roue libre et peinent à trouver leur équilibre. On sent que Norifumi Suzuki était plus occupé à faire voltiger sa caméra qu'à diriger ses comédiens. On pourra aussi lui reprocher de caler en début de film sa meilleure scène (Reiko qui se fait surprendre dans son bain s'en extrait avec l'agilité d'un fauve pour aller dégommer du yakuza dans un jardin enneigé) sans jamais réussir dans sa suite à l'égaler en terme d'intensité.
Mais ces quelques défauts n’entachent jamais ce sentiment de liberté qui anime Sex & Fury. Norifumi Suzuki va au bout de ses envies, joue avec ses lumières sans se soucier de leur efficacité, du moment qu'elles sont porteuses de pêche visuelle, alors elles ne peuvent être manquées. Et dans ces ambiances graphiques très punchy, il déroule son histoire, sans se soucier de son point final. Non, ici ce qui importe c'est le chemin tracé par Reiko jusqu'à son dernier geste. Un chemin de toute beauté, accompagné par une bande son entêtante, au bord duquel s'animent des personnages colorés qui ne manqueront pas de faire de Sex & Fury une séance dont on se souvient, sans doute possible.