Shadow in the Cloud a tous les défauts d’un film de débutant, accumule les retournements de situation invraisemblables, les thèmes et les tonalités dans l’espoir de révolutionner des genres qu’il ne maîtrise pas respectivement, ou plutôt qui se court-circuitent les uns les autres : le thriller paranoïaque voit sa résolution dynamiter ses bases, l’épouvante échoue à immortaliser sa créature – sinon lors de la première apparition – et à faire planer sur elle un quelconque mystère, l’action s’avère bien trop grandiloquente, la guerre superficielle, le drame intimiste jamais crédible ; en outre, la tribune féministe débouche sur la composition de caricatures de soldats aussi immondes qu’effarantes.
Les influences se contaminent et s’annulent entre elles : à quoi bon passer quarante-cinq minutes enfermés dans un espace clos si c’est pour brutalement nous projeter dans un film de gros bras incompatible avec l’approche mentale et sensible adoptée auparavant ? pourquoi recourir à une créature digne d’une fable horrifique, d’autant plus qu’elle ravit le panier et l’enfant tel le prédateur du conte, si c’est pour l’insérer dans une démarche réaliste qui dénonce la misogynie à l’œuvre dans l’armée ? En résulte une production qui ne sait sur quel pied danser, une production ridicule et prétentieuse, gonflée aux néons de couleur et à la musique électronique, que ni Chloë Grace Moretz ni son gremlin numérique ne réussissent à sauver. Reste une première partie plutôt intrigante.