Un morceau de mouton bien tendre

Passons d'abord un coup de tondeuse pour enlever la laine superflue. Oui, l'histoire est extrêmement classique : des animaux débarquent de la campagne pour découvrir la grande ville et le grand méchant travaille dans une fourrière. Oui, l'amnésie est une béquille scénaristique bien éculée.
Et voilà, en terme de défauts, j’ai à peine de quoi tricoter un bonnet pour doigt de pied.
Qu’il a fait du chemin notre petit Shaun depuis Wallace et Gromit, puis sa série éponyme. Je l’ai vu grandir pour donner un beau et grand film. Car, oui, ce long-métrage est un pur plaisir. Je me suis surpris à garder un sourire tout le long du film. Les seuls moments où je ne souriais pas, c’était pour rire pleinement. Car les studios Aardman ont un immense talent : le gag visuel. L’absence de dialogue n’affecte en rien la force du film. Au contraire, cela met en exergue cette capacité des animateurs à revenir à un humour purement visuel, universel, mais jamais facile ou simpliciste, à la manière d’un Chaplin ou d’un Buster Keaton.
A cela s’ajoute un grand nombre de clins d’oeil, plus ou moins appuyés, à la vie moderne ou à d’autres fictions (Monty - bénis soient-ils – Python, Breaking bads, Le Silence des agneaux, Wolverine, etc.).
Et dans ce film, j’ai découvert un nouvel aspect, que Shaun partage avec les grands maîtres du muet cités ci-dessus : une grande tendresse. Et je ne parle pas là de sa viande. Il y a dans la relation entre les moutons, le chien et le fermier (mais surtout pas ces cochons de cochons) une grande tendresse et un amour presque familial. Un aspect inexploré et qui a su être exploité sans mièvrerie excessive. Un beau morceau de mouton.