♫ No Sheep Thrill ♪
Il n'y a pas de surprise dans le fait que les studios Laika ou Aardman soient dans une précarité financière alarmante : l'avènement de l'animation 3D leur aura en effet porté un méchant coup, tout...
le 16 oct. 2019
28 j'aime
12
Long-métrage d'animation de Will Becher et Richard Phelan (2019)
C'est durant une fin de vacance 2023, bien chargée en expérience vidéo-ludique marquante émotionnellement et intellectuellement parlant, un après-midi rendu étouffant par ma canicule parisienne et une sale et indécrottable envie personnelle de retomber en enfance...que je me suis lancé sans une once de réflexion dans ce deuxième volet de la franchise "Shaun Le Mouton", sortie en 2019...qui au vue de sa bande annonce, de son titre et de son affiche me promettait de me replonger dans cet univers m'ayant tant enchanté, de retrouver des références culturelles qui me sont chères, d'explorer de nouveaux horizons et la rencontre entre deux mondes opposés...
Une retrouvaille, qui dès les premiers instants a peine les premiers logos déroulé, dont celui de Aardman, tout en animation...nous immerge immédiatement dans cette chère ferme de Mossy Bottom et son village pittoresque, véritable allégorie fantasmée et enivrante de la campagne anglo-saxonne, entre les petites communautés de l'arrière pays Britannique et les verts pâturages de l'Ecosse...où du faite de l'isolement géographiques, du manque d'investissement étatique, du désert culturel dont ils sont les victimes, de la perte démographique et de la disparition des grandes industries...se voit être le théâtre malheureux mais idéal pour l'ingéniosité, la créativité, l'improvisation pour casser la morosité et la monotonie...où chaques objets, éléments, détritus, ferrailles peux avoir une seconde vie, peux être source d'amusement, peux être réutilisé, peux être utile...parfaitement incarné ici par shaun et sa célèbre roublardise...devant constamment faire face aux codes, aux lois, aux contraintes, aux restrictions nécessaires pour maintenir un fragile équilibre...parfaitement mis en valeur par ce foutu chien et ce paysan...un brin couillon...que voulez-vous, les écoles sont rares en rase campagne...sublimé par ces décors végétaux, ces bâtiments en pierres, ces structures de bois, ces forêts aux feuilles automnales, ces jeux de lumières chaleureux, ces sonorités environnementales immersives, ces couleurs chatoyantes, ces objets de métal et de plastique, ces protagonistes en pate à modèler, ces costumes en laine, ces accessoires en carton...fruit du savoir-faire de ce studio en matière d'animation en volume, véritable boîte a jouets vivantes...permettant une allégorie sur le monde rural, l'écologie qui lui est propre, son économie précaire, ses fiers habitants et leurs quotidiens...donc une réflexion sur sa fragilité tout comme une lettre d'amour, un hommage, une vision romantique de celui-ci...me rappelant l'élégance de ce stop-motion, la sensibilité de cette vision artistique, l'intemporalité de celle-ci...où l'image parle d'elle même, où la beauté est cachée dans les détails, où les émotions passent par les sens...me laissant versé ma petite première larme...
Une découverte ensuite, qui dès l'apparition de ce mystérieux second protagoniste, Lu-La, petit être télépathe, venant d'une lointaine planète technophile et debarquant mystérieusement au sein de cette vertes prairies automnales, égaré et perdue dans ce monde inconnu, poursuivi et chassé par de couillon scientifiques en combinaisons jaunes anti-radioactives, aux équipements d'un autre temps et un peu sommaire, supervisés par une femme en noir...confronté malgré lui à ces campagnards un peu naifs et pas très débrouillard...donc devant collaborer et coopérer avec nôtre chère boule de laine blanche...nous immerge immédiatement dans une relecture des plus grandes œuvres cinématographiques et littéraires de science-fiction, d'anticipation...en multipliant les références et témoignages, les images et sonorités iconiques, les brefs instants et séquences bien connu de tous...permettant un véritable jeu de pistes, d'investigations, où chacun se met à chercher, trouver autant à l'écran que dans sa mémoire...le moindre souvenir, la moindre émotion, le moindre easter-egg...afin d'y retrouver son favori mais aussi d'en découvrir d'autres...parfaitement mise en lumière ici, par l'arrivée d'images numériques, de musiques plus modernes, d'effets d'animations en 3D, de plans de caméras plus actions, rare pour ce studio mais en total accord avec cette proposition plus "ludique"...mais tout en gardant son identité, notamment cette emphase sur le non-doublage, la seconde lecture et l'humour très british...une allégorie sur le différent, l'anormal, l'atypique, l'étranger voire le clandestin...toute les peurs, craintes, pulsions qu'il provoque et la radicalité, les dérives dont il est la victime...une satire sur l'extrémisme sécuritaire et technologique qui seront peut-être nôtre futur proche...une critique du monde scientifique et le manque d'investissement étatique à leur egard, bien proche de l'actualité...une caricature du divertissement régressif et du cirque médiatique tape à l'œil, ceux d'hier comme d'aujourd'hui...donc à la fois une lettre d'amour, un hommage, une vision romantique un genre du cinéma et de la littérature ainsi qu'à un style humoristique...où tout est affaire de métaphore, de parallèle, d'interprétation, de compréhension et de digestion le tout sans une once de parole et d'écrit...où les émotions passent par le cortex cérébral...me laissant verser ma deuxième petite larme...
C'est donc après 1h20, entre un dépaysement au sein d'une campagne anglo-saxonne faite de bric et de broc, parfait pour mes fin de vacances, une enquête au sein de mes passions d'antan, génial moi qui reste un enfant, une réflexion aux multiples facettes, merde moi qui voulait reposer mon cerveau, que je sort de ce second volet...sans ennui, rigolant autant que pleurant, revigoré autant que nostalgique...où le fond est à creuser et où la forme sert à ça...entre un acte de résistance et une envie de plaire aux plus grand nombre...entre un illustre passé et une modernité nécessaire...à la fois réconforté de voir ce studio poursuivre dans son stop-motion et son identité très anglo-saxonne...surpri de le voir se diriger vers de l'animation plus actuelle et une identité plus américaine...assuré qu'il sera trouver son juste équilibre à l'instar de ce petite ferme attachante...convaincu qu'il vont y arriver à l'instar de tout ces petites créatures en pâte à modèler...mais fervent défenseur de cette attachante franchise intemporelle et universelle construite autour du thème de les relations, de la famille, de l'entraide, de la débrouillardise, de l'apprentissage et de la compréhension...comme quoi un ovni en carton, quelques bouts de ficelles, un peu d'imagination ça fait la différence...un nouvel horizon peut-être pour ce studio mais une nouvelle réussite pour moi...
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Créée
le 12 juil. 2022
Critique lue 24 fois
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____à la fin, lors du spectacle, le fermier s'est déguisé en membre d'équipage de Star Trek (en rouge…) ____les moutons pour rentrer anonymes avec le public se déguisent en Dalek de Doctor...
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