Une caricature de film d'horreur et de losers britanniques

Shaun of the Dead se veut une parodie des films de zombies. Faire apparaître les personnages comme des zombies (au sens de prisonniers de leur vie quotidienne) avant que l'invasion de zombies à proprement parler n'arrive est l'idée-clé du film. Cette idée est mise en scène de façon originale, mais sur le fond c'est banal. "La plupart des gens n'ont pas une vie excitante et se contentent d'un train-train quotidien" semble vouloir dire le film ; certes, mais encore.

Les personnages peinent à émouvoir tant ils sont gros grotesques. Je retiens notamment la scène où Shaun n'hésite pas à achever sa mère après avoir seulement essuyé quelques larmes. Les gags sont globalement simplistes (les personnages qui font semblant, volontairement cette fois, d'être des zombies, la scène où ils croisent leurs doubles, etc.)

L'intérêt de Shaun of the Dead est pour moi ailleurs, dans la représentation des types-sociaux. Si les personnages n'ont aucune profondeur, on imagine très bien un roux vendeur de télés qui habite avec un bon pote au chômage se faire plaquer par sa copine parce qu'il la traitait n'importe comment. Le couple antagoniste des deux héros est peu développé, mais l'homme est rapidement présenté comme plus adroit avec sa compagne, plus diplômé et avec un travail mieux rémunéré ("Je suis un prof d'université", en comptabilité semble-t-il). Et, pour les amateurs de la langue de Shakespeare, comment ne pas sourire devant cet anglais britannique à couper au couteau, aussi bien vu l'accent que les expressions ("twat" entre beaucoup d'autres) ?

Si Shaun of the Dead échoue dans son objectif principal de nous faire rire et, accessoirement, de proposer directement une réflexion, sa description de la vie à Londres dans les années 90 et 2000 me paraît appropriée.