Si Simon paie, alors Shaun peine..

Bon ça y est, la trilogie est bouclée et comme il se doit cette critique sera rédigée en léger état d’ébriété (repas dans un resto proche de la gare de Lyon juste avant une réunion tour de l’horloge en mode légume oblige), en mémoire du nombre incalculable de bières descendues lors des trois films. C’était ma foi une sacré tranche de rigolade, et celui-ci restera peut-être le film de la trilogie qui joue le plus sur le décalage et exploite à fond et le plus longtemps possible les capacités de Simon Pegg à simuler le flegme british en pleine situation critique, l’humour britannique dans toute sa splendeur !

Comme toujours le scénario est un grand n’importe quoi jouissif et digne d’une bande de potes ayant trop abusé de cigarettes qui font rire, ce qui donne une Grande-Bretagne qui, du jour au lendemain, se zombifie sans aucune explication. A milieu de tout ça, Shaun s’évertue à protéger son pote Ed, parasite professionnel et à perdre sa chérie Liz, lassée de fréquenter un éternel ado. Donc, ce film joue à fond sur le décalage entre une ville sur le point d’être colonisée par des zombies et des personnages qui continuent, pendant une grande partie du film, à mener leur vie de tous les jours. Ils sont conscients (en gros) que leur monde s’écroule, mais reste déterminés à mener, malgré tout, leur vie de chaque jour. On se retrouve avec des scènes absurdes et hilarantes où notre bande de bras cassés (parce-que c’est bien une bande de bras cassés) continue à picoler et sortir des blagues de potaches en pleine apocalypse.

Comme à chaque film Simon Pegg, l’excellent Simon Pegg et Nick Frost s’éclatent comme deux sales gosses qu’ils sont devant l’Eternel. Simon Pegg en éternel looser qui prend plaisir à gâcher sa vie et Nick Frost en gamin trentenaire accro à sa console de jeux et dont la vie de résume à son écran et le pub du coin. Ce film est bourré de trouvailles scénaristiques absolument géniales et pleines d’un humour féroce qui, malgré tout, véhicule un certain fond, en particulier dans le rapport de Shaun à sa famille et à sa chérie.

Mais ça reste un film de zombis et comme tout bon film de zombis qui se respecte, y a du sang par flots entiers et des viscères par tonnes. Mais le film est tellement marrant que même ces scènes bien dégueulasses font franchement rire et pas du tout nerveusement, on rit de bon cœur parce-que l’ambiance dans laquelle nous plonge Edgar Wright est toute entière vouée à l’humour étudiant, aux potaches et à l’amour absolu pour un foutoir apparent. D’ailleurs, la caméra de Wright s’amuse presque autant que ses acteurs, c’est rapide et nerveux et donne une mise en scène aussi importante et participative que le scénario, les acteurs et les personnages.

Shaun Of The Dead est de loin le plus drôle de la trilogie, même si les deux autres méritent tout autant leur réputation. Mais cette exagération du décalage entre les personnages et leurs situations marche du tonnerre et en deux mots : ultra-efficace ! Simon Pegg est décidément un excellent acteur qui devrait tenter le coup d’un rôle dramatique, si ce n’est déjà fait. On reste en terrain conquis, un film sur les potes fait par une bande de pote, Pegg reste dans le rôle du perdant en recherche de rédemption souvent pathétique mais aussi touchant. Voilà, c’était une bonne trilogie : ENCORE !!!