Quand on a bu cet air qui tonne...
Une petite merveille d'invention burlesque où chaque plan est une superbe idée, où chaque intention visible en cache une autre plus diffuse, une réflexion sur l'outil cinéma lui-même. Quelques petits gags peau de banane pour commencer certes, mais quand Buster Keaton s'endort dans sa salle de projection, c'est le vrai début de la magie digne de Méliès. Rêve, illusions devant et derrière l'écran dans l'écran, cette fois-ci les impressionnantes cascades ne sont pas seulement construites pour le simple ressort comique, la situation improbable ou la moquerie, mais sont aussi le point de départ d'un hommage qui honore les multiples dimensions du cinéma. C'est vraiment très beau, poétique, magique.
Je vais donc éviter de trop parler des trains qui n'en finissent pas de se pourchasser et d'un mécano qui se prend une tonne de tuiles sur la tête pour pas un rond. Il y a pour moi une énorme différence fondamentale entre ces deux films. Je ne saurais l'expliquer clairement mais Sherlock Junior va au delà du burlesque et de la prouesse. Le final superbe avec double fondu au noir le montre à lui seul. De plus, Buster Keaton se rêve en Sherlock. Il y est donc très assuré et plus éloigné de l'innocent paumé qui triomphe malgré lui. Il y est d'une classe exquise même.
ps : dédicace (pour ma 200ème) au bougon.