Shiriusu no densetsu
7.1
Shiriusu no densetsu

Long-métrage d'animation de Masami Hata (1981)

Film japonais peu connu parlant d'un "amour impossible" entre les enfants des Dieux de l'Eau et du Feu, Shiriusu no densetsu est aussi connu sous les noms de Sea Prince and the Fire Child ou même La Légende de Sirius.



Synopsis



Sirius est le Prince de la Mer et futur Roi des Océans (appelé à remplacer le dieu Oceanus) amoureux de Malta la Fille du Feu et gardienne de la Flamme Sacrée de la déesse Hyperia. Leur amour est interdit car il provoquerait une guerre entre les mondes et le retour d'un 3e dieu maudit : Algaroc, seigneur du vent.


C'est aussi parce que s'ils s'unissent, chacun risque de délaisser leurs devoirs : Sirius doit empêcher que les monstres marins attaquent le reste de la population, et Malta doit faire en sorte que la Flamme sacrée ne s'éteigne pas sans quoi cela déchainera les océans.


L'amour entre Sirius et Malta paraît aussi impossible parce que les créatures de la mer meurent si elles sont trop près du feu ou du soleil, et les fées de feu meurent si elles vont dans l'eau.


Seule solution pour les deux tourtereaux : voler vers une étoile où feu et eau ne forment qu'un comme leur monde à l'origine, grâce aux Collines d'Elysium et aux fleurs de Kaliya dont les spores volent vers cette étoile.


Nos deux tourtereaux essayent donc d'avoir une union "impossible" en se rendant sur cette étoile, mais y arriveront-ils quand une nouvelle guerre fratricide pourraient vite détruire cette velléité ?


Un tel synopsis rappelle le classique Roméo et Juliette de Shakespeare, pour le meilleur ... et le pire.



Défauts : Physique "Spongebob", Anticlimax et "Wincest" ?



Bien que ce soit censée être une fiction d'inspiration mythologique gréco-romaine, on a plein de problèmes de physique dans le monde de l'eau (des chutes d'eau dans l'eau, des reflets d'eau dans l'eau, des nuages sous l'eau et même de la neige sous l'eau). On dirait un épisode de Bob l'éponge !


Même le look de Sirius est sujet à confusion : c'est un faune rouge et c'est le Prince des Mers, alors qu'il n'a rien de marin et que sa couleur fait plus "Fire Child". Mais c'est peut-être un contraste volontaire, d'autant que Malta la Fée du Feu a les cheveux bleus aquatiques. Peut-être pour montrer qu'ils sont complémentaires.


Ils essayent aussi de mettre une amourette lesbienne à Malta (la fée Piale) qui a ses moments de jalousie mais finit par lui pardonner et fait un beau geste hélas réduit à néant :


Piale se sacrifie pour restaurer la Flamme sacrée que Malta laisse éteindre à un moment, afin d'éviter le courroux de la déesse Hyperia ... mais ça marche parce que la flamme de Pia est verte au lieu d'être violette et les fées devinent tout de suite qu'elle a failli à sa tâche. Ce qui rend ce sacrifice inutile et gâchée, et limite "Syndrome de la Lesbienne Morte" ou un "Bury Your Gay" (quand on fait un perso gay mais qu'on le tue juste avant ou après qu'il soit heureux).


On nous avance aussi la menace de Algaroc le terrible dieu maléfique du vent à l'origine de la guerre entre Oceanus et Hyperia et capable de tout une fois qu'il récupère son œil (une regalia que possèdent Oceanus, puis Sirius, puis Chiku son pote). Même qu'il a une forme terrifiante à la Cthulhu, sauf qu'une fois libre ...


Oceanus le tue vite d'un coup de trident ... Une menace inutile qui rend la confrontation océans/vents/feux bien creuse. Puisque Algaroc ne peut pas nuire au monde et donc ne peux pas diviser pour mieux régner ou se venger.


Et enfin, dernier défaut qui rend la romance Sirius/Malta dérangeante quand on y pense :


Womaru, la sage tortue des mers, révèle que Oceanus et Hyperia, respectivement dieux allégoriques de l'Eau et du Feu, ne formaient qu'un autrefois ... et seraient donc frère et sœur ! Comme de surcroit, Sirius et Malta sont de "prince et princesse" et traité par les dieux comme leurs enfants, ça ferait de nos deux tourtereaux des cousins amoureux incestueux (berk). Même si ça peut être courant dans la mythologie grecque, ça ruine toujours cette romance pour nous autres occidentaux.


Même si c'est probablement pas vrai et que la "parenté" entre Oceanus et Hyperia est probablement néante voire juste suggérée, ça peut ruiner un peu le film. Possible aussi que ce soit juste une métaphore ou une mauvaise traduction anglaise (le film n'étant disponible qu'en Anglais ou qu'en Japonais sous-titré Anglais).


Malgré quelques maladresses et ces problèmes mis de côté, le film regorge d'énormes qualités indéniables et mémorables pour le monde de l'animation japonaise.



Une histoire digne de la mythologie gréco-romaine



Ces défauts mis à part, l'animation est formidable et on voit qu'elle est très inspirée d'autres oeuvres sur la vie marine ou même la mythologie tels que Fantasia avec La Danse des Fées et Le Ballet des Poissons tirés de Casse-Noisette. Même si l'esthétisme oscille entre "kawai" et détails, comme on l'a vu avec d'autres productions Sanrio comme Ringing Bell (1978) ou Winds of Change (1979), l'ambiance donne bien lieu à une tragédie gréco-romaine.


Les décors bien que posant quelques problèmes de physique, rappellent quelques lieux grecs antiques célèbres tels que les Champs Élysées, l'Atlantide ou même les Enfers : il y a trois grandes zones dont les Océans, la Zone Interdite (qui ressemble à des fonds marins inexplorés et très sombres) et je crois la Montagne de la Flamme Sacrée.


Enfin, Sea Prince & The Fire Child reste une ode à l'amour nuancée refusant tout manichéisme puisque c'est sur des superstitions qu'ont lieu les confrontations entre Océans et Flammes. Mais dans le même temps il montre que le choix de la romance tolérante n'est pas si simple car chaque protagoniste a aussi des responsabilités vis-à-vis de leurs peuples :


Quand Sirius gambade avec Malta, les Méduses attaquent son peuple. Et la Flamme Sacrée peut s'éteindre s'y Malta ne fait pas attention, ce qui peut faire que les Océans vont attaquer la Montagne des Fées.


Bien entendu, le film dénonce aussi une forme de discrimination entre les peuples, et les deux amants vont aussi contribuer sans qu'ils s'y attendent à une réunification entre l'Eau et le Feu mais d'une manière plus tragique qu'on ne le pense :


Sirius est enfermé pour avoir failli à sa tâche et son ami Chiku est obligé de lancer l'œil d'Algaroc pour le libérer de sa prison de corail. Mais ceci déclenche un cataclysme et Sirius est libre mais aveuglé. Malta décide de s'enfuir vers les Collines d'Elysium mais n'arrive pas à récupérer les spores des fleurs de Kaliya qui vont vers l'étoile où ils voulaient aller. L'éclipse arrive et elle devient une Reine de Feu tandis que Sirius arrive seulement aux Collines toujours aveugle.


C'est d'ailleurs qu'une fois la tragédie finale arrivée que leurs parents Oceanus et Hyperia se rendent comptent de la vacuité de leurs querelles et qu'ils réalisent les voeux de leurs enfants :


Sirius ne peut pas voir le Soleil et ce dernier le tue. De chagrin, Malta prend son corps et décide d'aller se noyer dans la Mer avec lui. Les dieux arrivent et voient les conséquences de leurs disputes stupides. Comprenant qu'ils ont gâché une belle histoire d'amour et failli ruiner une paix, ils utilisent leurs pouvoirs pour que les corps des deux amants puissent aller sur cette étoile où ils pourront ressusciter et vivre en amour et en harmonie entre l'Eau et le Feu.


C'est donc sur cette fin digne des tragédies grecques que l'histoire du Prince des Mers et de la Fée du Feu se termine, contribuant ainsi à la Légende de Sirius.

Darevenin
8
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le 21 févr. 2021

Critique lue 720 fois

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