La fin justifie les moyens? C'est le sujet de son histoire mais aussi ma question sur la réalisation

Je n'ai loué ce film que sur le nom de Michael Winterbottom sans connaître le sujet: tant j'ai aimé ses films comiques ou dramatiques sauf Un coeur invaincu (sur le fanatisme et terrorisme islamiste; pléonasmes).

Maintenant, je découvre qu'il propose ce film sans doute historique sur l'ancien terrorisme de certains sionistes dévoyant le projet initial?

Préambule à mon unique remarque sur le film: mon niveau de culture en religions, en conflits en Israël, et mon ouverture envers les interdits religieux est plutôt quasi celui de Victor Pivert au début du film de Gérard Oury...:

Salomon: "On voit bien que Monsieur n'est pas au courant des traditions..." Victor Pivert: "...parfaitement, je ne suis pas au courant de vos siiiiiiiimagrées, et j'en suis fier" Salomon: "Monsieur n'a pas le droit de manger de la viande le vendredi. Moi, je n'ai pas le droit d'allumer l'électricité le samedi. Ce n'est pas plus bête. Victor Pivert: "- Si ! C'est plus bête."

Sur le fond, le film aborde le sujet du pragmatisme militaire et de la vengeance sans fin en ouroboros: en politique, la fin justifie t elle les moyens? Tuer et brutaliser des femmes et des enfants peut il jamais servir une cause?

Les modérés civilisés de deux camps sont ils dépassés par leurs membres violents brutaux?

Sur la forme, d'abord un 'détail' et choix de montage: le film ne parle qu'en commentaires et voix off du massacre de réfugiés après leur arrivée mais ne montrera à l'écran que des victimes faites par la partie de ces migrants qui se vengent et ont choisi les armes.

Les horreurs d'un camp ne sont décrites qu'en mots (et encore une ou deux rapides fois), procédé qui exige attention et travail de visualisation du spectateur,

alors que les horreurs de l'autre camp sont montrées, encore et encore (sous forme de femmes et d'enfants tués ou effrayés; ou d'adultes mais désarmés).

Mais pire, sur la forme, les auteurs semblent avoir choisi que la fin justifie les moyens et que seul le bon résultat compte dans un pragmatisme moral dégueulasse qui me rappelle celui du mentor de Whiplash:

je parle ici de la scène (à 1h04) où un acteur se dirige vers un autre parlant à une actrice

et le premier joue un personnage tuant le second devant la troisième...

SAUF QUE L'ACTRICE TIENT PAR LA MAIN UNE ENFANT qu'il me semble difficile de qualifier d'actrice tant sa terreur semble réaliste et vraie!

Du point de vue de cette enfant, elle voit un homme en approcher un qui lui parlait à elle, et le premier tire sur le second, la dame qui lui tient la main hurle à la mort et la serre dans ses bras...la caméra reste alors que sur le visage de l'enfant qui est en pleurs et criant ...elle regarde alors la caméra dans un des plus ignoble et déchirant à la fois regard camera qui semble crier "pourquoi??!!"

La fin de faire un film justifie t elle de brutaliser une enfant dans un des pires vidéo gags!

Les auteurs veulent juste filmer un homme tuant un policier alors qu'il bavarde avec une mère et son enfant (dés lors, rendant d'ailleurs le policier encore plus innocent).

Est ce justifié de tourner une telle scène aux dépens d'une enfant dont les pleurs sont obtenus par le bruit et le choc de voir un homme s'effondrer?

Une forme de terrorisme artistique ciblant une enfant dans un film qui semble dénoncer le terrorisme (toutes proportions gardées).

C'est sans doute moins grave que le viol de Maria Schneider dans Le Dernier Tango.

C'est moins grave que l'ignoble claque donnée à Meryl Streep par Dustin Hoffmann juste avant une scène clé dans Kramer contre Kramer (au moins, elle était adulte).

C'est sans doute aussi grave que Dominque Besnehard frappant une femme pour se défendre selon ses mémoires sur le tournage d'un Maurice Pialat.

Ce regard d'enfant en pleurs regardant la caméra obtenu par surprise nuit au film et à mon expérience.

Remarques en vrac (une fois la colère est passée...au sujet de la manière dont cette scène d'assassinat a été filmée aux dépens d'une enfant):

  • le suspense du film marche
  • il rappelle L'armée des ombres (même si le rapprochement point Godwin m'est dégueulasse)
  • la scène des trois camions allant construire une ferme collective a une musique que je n'ai pas compris: une sorte de champ communiste russe: Irina Starshenbaum découvre alors dans le camion un couple de réfugiés Ukrainiens et leur enfant (en 2024, le film rappelle que les réfugiés Ukrainiens étaient alors (bien) accueillis aussi)
  • le film rappelle aussi que les gérants de la zone, les anglais, ont limité le nombre d'entrées de réfugiés Européens juifs en 1937/8/9? ...ceux qu'ils ont refoulés ou refusés étant sans doute morts dans les camps.
  • j'ai trouvé étonnant que les policiers anglais chassant les terroristes sionistes interrogent un suspect dans le même bureau où ils ont mis/laissé au mur toutes les photos des suspects, trombinoscope et autre tableau d'enquête (je les adore dans les films; ici à la 45e minute).
  • les religieux sont présentés comme machos et harceleurs de rue: le frère raconte être "le chef de famille" (sic) depuis la mort du père
  • je ne connais quasi rien au "Betar" et "Irgun", les deux groupes présentés ici par mon Michael Winterbottom(et les historiens?) comme terroristes trahissant les pères fondateurs comme le père mort d'Irina Starshenbaum (elle a une scène où elle dit à son frère que c'est lui qui "trahit le pays").
  • les remerciements racontent à la fin que le personnage présenté tout le film comme un méchant, a un musée à Jérusalem dans l'appartement où il aurait été assassiné par la police anglaise (meurtre dont l'accusé a gagné tous ses procès en diffamation)
PierreAmoFFsevrageSC
5

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Créée

le 2 août 2024

Modifiée

le 5 août 2024

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