Il était une fois... ou pas

Il était une fois dans le monde merveilleux de Disney... Ah non c'est vrai c'est Pixar, ou l'art de la déconstruction du mythe du prince charmant qui vient délivrer sa princesse, et c'est beaucoup mieux!

Une première scène qui annonce bien du ton du film, où l'on voit Shrek se servir des pages d'un conte de princesse comme papier toilette. Et en effet, un ogre en guise de héros et prince charmant, un âne pour un beau destrier blanc, une princesse qui sait mieux se battre que beaucoup d'hommes, un dragon qui au lieu d'être méchant est une dragonne qui tombe amoureux d'un âne, et un Lord qui au lieu d'être beau et d'inspirer le respect, est plutôt minuscule et ridicule.

Tous ces personnages haut en couleur aux caractères très différents voire antagonistes pour le duo Shrek /l'Ane amènent un humour désopilant au film. C'est ainsi qu'un ogre marginalisé par la société qui a peur de lui et qui s'est habitué à vivre seul doit alors par une rencontre fortuite supporter un âne à la langue bien pendue en manque d'affection qui s'éprend d'amitié pour lui. Rien qu'au dire de cette situation, on peut imaginer l'aspect comique de la chose, mais les réalisateurs Adamson et Jenson font mieux, en teintant le film de tous les types d'humour et de comiques qui puissent exister: humour décalé, gras, parodique satirique, en passant par l'humour noire et burlesque.

Tout ce mélange explosif et hilarant se fait en plus sur un fond de pied de nez à Disney, en moquant la plupart de leurs personnages phares: un Robin des Bois qui se fait battre par une princesse, un Pinnochio qui ne fait que de faire allonger son nez en mentant, et un miroir magique de Blanche-Neige reconvertit pour l'occasion en présentateur de show TV pour rencontrer l'amour.

Mais bien que moqué, Disney n'en est pas pour autant totalement déconstruit puisque les valeurs morales de Shrek s'y apparentent. On y retrouve l'amitié tissée au fur et à mesure du film entre Shrek et l'Ane, l'amour entre Shreck et Fiona ainsi qu'entre l'Ane et la Dragonne; et un message bien précis qui en ressort, celui d'un plaidoyer de la différence, idée très bien résumée dans une réplique de l'Ane à son ami: « Mais je t'aime comme tu es ».

Ajoutez à tous ces ingrédients une bande originale rock des années 60 qui contrecarre avec les chansons généralement chantés par les personnages dans les autres films pour enfants, mais qui rend le film autrement plus séduisant et audacieux, des voix connues prêtées aux personnages qui collent totalement avec leurs caractères comme si les personnages avaient été pensés et conçus pour ces personnes là; ainsi que des images graphiques à vous coupez le souffle tant le réalisme y est présent, qui pourraient nous faire croire que ce monde loufoque de Shrek existe vraiment...

C'est ainsi que vous obtiendrez un chef d'œuvre de l'animation à la fois drôle, ambitieux et innovant, qui réinvente même le genre des films pour enfants en y cassant la plupart des codes, et qui, on l'espère, feront place à beaucoup d'autres films d'animation dans la lignée de Shrek. Amis, parents courez vite voir ce film au cinéma avec vos enfants car, soyez en sûrs, vous l'adorerez autant si ce n'est même plus!