Revoir le nom de Kevin Williamson à l'écriture d'un slasher est forcément un petit événement en soi, surtout si on a grandi avec la vague dite des néo-slashers de la fin des années 90/début 2000 initiée en partie par la plume à succès de l'auteur de "Scream". Après l'échec de son unique long-métrage en tant que réalisateur ("Mrs. Tingle"), le bonhomme semblait avoir complètement délaissé l'écriture de films pour privilégier celle de séries TV, son seul grand fait d'arme en la matière ne sera finalement que son retour en 2011 sur la saga "Scream" dont il signera le scénario du quatrième opus, comme un chant du cygne involontaire à sa collaboration avec Wes Craven avant que celui-ci nous quitte, et où il restera au poste de producteur des suites suivantes.

Le voir aujourd'hui réinvestir son terrain de prédilection au profit d'un titre original réalisé par le prometteur John Hyams (la bonne surprise "Alone") et sur fond de crise pandémique ne pouvait donc qu'attiser une certaine curiosité...

Des mystérieux messages reçus par un ado sur son téléphone, un tueur en mode stalker, jouant d'abord avec les nerfs de ses victimes pour mieux ensuite les poursuivre armé de son plus beau couteau... Le doute n'est pas permis, "Sick" transpire la signature Williamson dès sa scène d'ouverture mais a ici l'idée de la mêler plutôt malicieusement à la pandémie de Covid-19 et, plus précisément, la période où les États-Unis se retrouvaient le plus frontalement face à l'inconnu de cette maladie (avril 2020), faisant basculer la population dans une paranoïa complète avec l'afflux de nouvelles et de mesures décrétées par des autorités dépassées par les événements. En clair, un contexte idéal pour un tueur aux relents "scream-esques", qui peut tout autant jouer sur ce climat de peur décuplé que profiter des conditions d'isolement de ses victimes afin de devenir, vis-à-vis du spectateur, le bras armé le plus violent et vicieux du virus à l'affût de victimes qui chercheraient à fuir son emprise sur cette période délétère.

Refuge de deux étudiantes parties vivre au mieux le confinement, le cadre incontournable d'un chalet (luxueux) isolé au bord d'un lac se justifie donc ici de lui-même, tout comme la caractérisation typique de ces héroïnes de slasher (l'une plus volage, l'autre plus sage) se fonde désormais en grande partie sur leur respect ou non des conditions sanitaires mises en place.

Ainsi, avec l'aide de cet écrin contemporain, "Sick" posera facilement les bases d'un slasher (en forme de home invasion) ne cherchant pas vraiment à dévier des fondamentaux du genre mais dont l'exécution va toujours se révéler des plus efficaces, offrant un lot de situations et de poursuites au dynamisme certain, ponctuée de sympathiques saillies sanglantes grâce à tous les outils/armes mis entre les mains de potentielles victimes pour lutter contre l'assaillant (et leur combativité fera plaisir à voir). Souvent axé sur des effets de montage (parfois un peu trop, le faux plan-séquence des débuts n'est pas exempt de maladresses notamment), le film sera considérablement porté par la mise en scène énergique de John Hyams sur ce point tout en offrant un minimum de rebondissements autour de la nature de l'agresseur pour maintenir en haleine autour des enjeux de cet affrontement nocturne.

Toutefois, en parallèle de ses révélations finales (leurs contours se devineront au fil du film), "Sick" montrera hélas ses limites sur le fait d'utiliser le Covid-19 et ses conséquences comme une couverture artificielle à des motivations finalement assez convenues de protagonistes de slasher. Certes, la charge qui en découlera sur la folie ou la bêtise des comportements humains en cette triste période aura le mérite de ne pas chercher à épargner grand monde mais, une fois gratté son vernis, l'astuce ne sera clairement pas suffisante pour faire de "Sick" le slasher si malin qu'il se rêvait d'être.

Le retour de Kevin Williamson au genre qu'il a vu naître aboutit donc sur un slasher honorable, souvent solide et nerveux en termes de face-à-face qu'il a à offrir, mais dont son amusante corrélation à la récente pandémie n'en fait pas pour autant un hit en sa catégorie.

RedArrow
5
Écrit par

Créée

le 27 janv. 2023

Critique lue 398 fois

2 j'aime

RedArrow

Écrit par

Critique lue 398 fois

2

D'autres avis sur Sick

Sick
RedArrow
5

Slasher pandémique

Revoir le nom de Kevin Williamson à l'écriture d'un slasher est forcément un petit événement en soi, surtout si on a grandi avec la vague dite des néo-slashers de la fin des années 90/début 2000...

le 27 janv. 2023

2 j'aime

Sick
Genji-Takaya391
9

Critique de Sick par Genji-Takaya391

Sick de john hyams réalisateur des 2 derniers universal Soldier, régénération et le jour du jugement, nous signe un slasher surprenant qui se passe en pleine pandémie covid-19, et franchement c'est...

le 14 juin 2023

1 j'aime

Sick
renardquif
8

Critique de Sick par renardquif

-Un thriller de John Hyams II, c'est un film qui a ses qualités et ses défauts, un film qui va directement droit au but et qui assume ce qu'il a envie de faire, la fin est-elle très probablement...

le 20 janv. 2023

1 j'aime

Du même critique

Nightmare Alley
RedArrow
9

"Je suis né pour ça."

Les premières minutes que l'on passe à parcourir cette "Nightmare Alley" ont beau nous montrer explicitement la fuite d'un homme devant un passé qu'il a cherché à réduire en cendres, le personnage de...

le 19 janv. 2022

76 j'aime

16

Umbrella Academy
RedArrow
5

L'Académie des 7 (saisons 1 & 2)

SAISON 1 (5/10) Au bout de seulement deux épisodes, on y croyait, tous les feux étaient au vert pour qu'on tienne le "The Haunting of Hill House" de personnes dotés de super-pouvoirs avec "The...

le 18 févr. 2019

68 j'aime

10

Bird Box
RedArrow
6

Sans un regard

L'apocalypse, des créatures mystérieuses, une privation sensorielle, une héroïne enceinte prête à tout pour s'en sortir... Le rapprochement entre cette adaptation du roman de Josh Malerman et "Sans...

le 21 déc. 2018

68 j'aime

7