Oubliez-vous et laissez faire.

Sigur Rós a toujours été un groupe à part dans le paysage musical, et ce dès le premier album Von en 1997. Offrant une musique ambiante -voire bruitiste- à leur début, ils se rapprochent rapidement de sonorités plus épurée proche du post-rock, jusqu'à l'album le plus aboutit à ce jour, Valtari, en 2012. Leur dernier album, Kveikur, sorti en 2013, montre une nouvelle direction pour le groupe, qui se rapproche clairement d'un style plus rock.

Sigur Rós a toujours proposé des concepts originaux, que ce soit au niveau de la musique (preuve en est l'album ( ) dont les paroles sont écrites en volenska, une langue fictive inventée par le chanteur, ou encore Með suð í eyrum við spilum endalaust qui propose une musique très folk, très gaie, qui s'éloigne de l'atmosphère épurée que propose habituellement le groupe), ou au niveau de la philosophie générale, comme lorsqu'ils proposèrent une série de concerts gratuits en plein air un peu partout en Islande. Sachant cela, il n'est pas étonnant de les voir explorer de nouvelles créations, et quelle création !

Route One est un concept de slow TV (une catégorie d'émission caractérisée par sa longueur, qui montré généralement un événement dans son intégralité, durant plusieurs heures ou plusieurs jours) montrant le voyage du groupe sur la Route 1, une route qui fait le tour de l'Islande en longeant principalement les côtés. Ce programme fut proposé le jour du solstice d'été en direct à la télévision nationale islandaise, ainsi que sur Youtube. La bande son qui accompagne cette épopée est en fait une perpétuelle évolution autour du nouveau morceau óveður à travers la technologie Bronze.
Entrons dans le vif du sujet : je me souviens avoir passé des heures à regarder ce programme en direct, et c'est là la grande force de la plupart des programmes slow TV. Route One est bien évidemment un programme très calme, très apaisant, et très long (le programme dure un peu plus de 24h), et cette sérénité associée à cette longueur permet une introspection absolument phénoménale. Les paysages défilent, de même que nos pensées. Et pour une fois, nous avons le temps. On respire. C'est en ce sens que ce programme m'a marqué et touché, il se trouve à des années lumière de ce que l'on a l'habitude de regarder quotidiennement. C'est d'ailleurs ce qu'expliquait le groupe dans la description du programme : "A l'époque de la gratification instantanée et de tout qui bouge si vite, nous voulions faire l'exact opposé. La slow TV est l’opposé du monde dans lequel nous vivons, car ça se passe en direct et c’est très lent". C'est un succès, une sublime réussite. Il faut vivre cela, ne serait-ce qu'une petite partie du programme. Installez-vous calmement, tamisez la lumière, et vivez cette expérience.