Coucou, c’est real_folk_blues. Vous me connaissez peut être déjà si vous avez lu des critiques comme « De la différence entre la toile et la croûte », ou « Miike et le disney qui coule ». Mon goût pour le tordu trouve son origine dans une fascination pour le bizarre, l’onirisme —qu’il soit poétique ou noir, le viscéral et l’univers passionnant de la psychiatrie que beaucoup pourraient interpréter comme étant la résultante de traumatismes infantiles multiples causés par le visionnage inadapté de films tordus à un âge où d’autres jouent à touche pipi (cf. liste).
Mais tout ça c’est des conneries, je ne suis pas fou. J’avoue cependant qu’aller dépenser 13 euros pour une adaptation du bébé de Konami en TROIDÉ en 2012 malgré tous les signes avant coureurs d’un désastre annoncé couplés à de précédentes expériences d’adaptations cinématographiques désastreuses (Resident Evil, HP 7 partie deux) peut a priori relever de deux choses : la folie, ou l’inconscience.
(Qui a scandé « stupidité » dans le fond ?)
Bon alors. Malgré l’apparente bêtise de mon acte, sachez que c’est véritablement l’amour de l’univers sus nommé qui a motivé la dépense inconsidérée pour avoir le droit d’être mal assis devant un film de merde, affublé d’une paire de lunette de farce et attrape livrée avec maux de tête optionnels.
Oui, l’amour de l’univers. Une drogue même. L’envie de se plonger dans une palette émotionnelle, chromatique et sonore qui vous ronge et vous hante. Un besoin primaire de se réfugier dans un cauchemar pour l’apprivoiser. Se sentir vivant dans un monde désolé, corrompu, fantasmagorique, presque vide, ni mort ni habité, hanté, dangereux, intime, à la fois sombre et aux lumières effrayantes.
Silent Hill c’est ma came depuis plus de 13 ans.
On pouvait reconnaître à Gans, dont l’approche pseudo oedipienne du mythe m’avait quelque peu laissé pantois, une mise en scène appliquée et la volonté néanmoins louable d’apporter une explication quasi didactique pour une meilleure lisibilité du grand public tout en gardant la puissance picturale et symbolique du jeu d’origine.
C’était tout de même assez crétin parfois. Mais bon, merci Cri cri, bisous tout ça.
Alors qu’avons nous là ?
Je vais vous le dire moi ; le film de merde à la direction artistique la plus classe de l’année. Rien que ça.
Oubliez la tentative de lecture personnelle du mythe —pertinente ou non— puisqu’ici le scénario a été écrit par un gamin de 12 ans ; 13 tout au plus. Ça se tire des balles dans le pied au semi automatique, ça n’a aucun intérêt intellectuel ou métaphysique, ni même mystique d’ailleurs ; ce qui est un comble pour une histoire chargée de symbolisme et d’influences psychanalytique, à l’origine.
Je ne vous parle même pas des dialogues, tous plus naïfs et consternant les uns que les autres. Et quand aux axes narratifs, vous en aurez plus en vous achetant un déodorant. (C’est nul, je sais.)
J’éclipse volontiers la direction d’acteur —pour ce qu’il y a à en dire— mais vous croisez Ned Stark et son bâtard sur la même pelloche, ce qui semble ici et maintenant aussi étrangement anachronique qu’une paire d’écouteurs dans les oreilles d’Henri IV, plus un sosie de Michelle Williams. Carrie Ann Moche est là aussi, et il m’a semblé reconnaître McDowell mais j’espère que mon subconscient l’enfouira assez vite afin de pouvoir continuer à lui porter encore un semblant d’estime.
Le procédé de la TROIDÉ constitue une purge toujours aussi indigeste, avec flopé de flous à céphalées garanties et migraines ophtalmiques, en plus j’adore me déguiser en Moby, vu que j’ai le crâne rasé je le vis SUPER bien.
Alors vous allez sans doute me demander d’où est ce que je sors ces quatre points.
En vrac, même si je viens de conchier sur la TROIDÉ, je dois tout de même avouer qu’un film ayant été tourné et pensé en TROIDÉ fait la différence avec un film dont le procédé a été appliqué en post production. Du coup certains plans trouvent une valeur ajoutée non des moindres (et puis ça sent moins le bidouillage). Je pense particulièrement aux plans de couloirs ou de rues, assez efficaces, où l’on suit notamment l’héroïne de dos tandis qu’elle marche.
L’héroïne, parlons en puisque son interprète, Adelaide Clemens (le sosie de Michelle, au bas mot (coucou Torpy)) est la seule à être convaincue de ce qu’elle fait ; et donc la seule à être convaincante.
Donc 1 point parce qu’elle ressemble à Michelle Williams.
Mais là où SHR3D prend véritablement des points c’est sur sa direction artistique. Incontestablement, elle a su faire fi d’un budget ridicule (20 millions contre 50 pour le premier, moins le salaire des cachetonneurs mentionnés plus haut), de contraintes techniques plutôt handicapantes pour le genre (tourner en TROIDÉ nécessite un éclairage plus conséquent ainsi qu’une disposition des éléments du décor laissant peu de liberté d’action).
Les murs sont crades, malades, ils suintent, semblent respirer. Les créatures, majoritairement réussies (mais peu nombreuses), semblent s’imposer comme une évidence tant leur incorporation dans les lieux est fluide et cohérente. Vous retrouverez les infirmières pour une séquence bien amenée, le désormais classique Pyramid Head dont la deuxième apparition fait plaisir à voir, quelques bonnes idées par ci par là, un mannequin-araignée au concept pas con mais qui aurait gagné à être plus exploité, et une bonne photographie d’ensemble.
Franchement, l’épisode de l’asile est une réussite sur le plan artistique ; et il vaut bien 3 points à lui tout seul.
Mais le reste vogue entre ridicule, dispensable et immaturité narrative. C’est ça le cauchemar Silent Hill : essayer de lui donner du relief au cinéma.