captivant
Dans "Silent Land", Dobromir Dymecki, Agnieszka Zulewska, et Jean-Marc Barr portent à l'écran une exploration saisissante des dynamiques de couple dans un cadre en apparence paradisiaque, mais qui...
le 13 nov. 2023
Cicha Ziemia rappelle quelque peu le récent Triangle of Sadness (Ruben Östlund, 2022) : soit un couple bourgeois confronté à l’inertie de sa condition et aux conséquences de son mépris de classe. Pourtant, de ce film social ne ressort qu’un sentiment de figement lié à la mise en scène mimétique de son objet : des plans souvent fixes, légèrement dynamisés par un travelling avant de dernières secondes, des plus chichiteux. La lenteur et la répétition mornes d’un quotidien estival défini par la chaleur et la lumière aveuglante mutent en automatisme de réalisation, sans partis pris sinon par des ralentis oniriques qui s’insèrent mal dans le récit. Tout baigne dans un silence oppressant, d’abord marque d’une distinction sociale, rapidement fatalité d’un couple qui se définit moins par l’authenticité de ses marques d’amour que par la facticité des actions auxquelles il se consacre : les déjeuners et dîners sont l’occasion d’une démonstration forcée de complicité et de richesse, un verre de vin blanc à la main ; la sexualité demeure mécanique, appliquant des pratiques stériles qui ne servent qu’un plaisir égoïste. L’importance du sport et de l’eau symbolise un culte du corps qui va dans ce sens, ainsi que la nécessité de se purifier, d’obtenir le pardon de ses vices : les douches nombreuses, la mer environnante, la piscine vide.
Hic. Là que tout bascule. La piscine plutôt que la mer parce qu’elle renvoie à un espace privé, encadré par des murs, surveillé par des caméras ; un espace cassé qui prend néanmoins au piège les deux amants, ramenés au réel par un accident face auquel ils demeurent indifférents – « c’était un clandestin, en plus ». Alors commence la descente aux Enfers, métaphorisée par la plongée sous-marine : la descente en soi confronte chacun au vide de sa condition, elle troue la carapace bourgeoise, occasionne des fuites qu’aucun ouvrier ne saurait réparer. L’immigré, aux antipodes sociaux, hante le couple comme Camille séparant Thérèse et Laurent dans le roman zolien : un fantôme qui s’invite à table et partage une intimité à tout jamais impossible, pour toujours. Une réussite sur le plan du scénario, qui peine à s’incarner en force esthétique.
Créée
le 5 déc. 2023
Critique lue 54 fois
D'autres avis sur Silent Land
Dans "Silent Land", Dobromir Dymecki, Agnieszka Zulewska, et Jean-Marc Barr portent à l'écran une exploration saisissante des dynamiques de couple dans un cadre en apparence paradisiaque, mais qui...
le 13 nov. 2023
Du même critique
Nous ne cessons de nous demander, deux heures durant, pour quel public Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu a été réalisé. Trop woke pour les Gaulois, trop gaulois pour les wokes, leurs aventures...
le 1 févr. 2023
127 j'aime
9
Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...
le 19 janv. 2019
89 j'aime
17
Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...
le 11 sept. 2019
78 j'aime
14