Croyez-le ou non mais on était loin d'avoir détesté la version 2019 de "Simetierre". Non pas au point d'en avoir un souvenir terriblement marquant ni même d'avoir le poil qui se hérisse à chaque chat au regard mort croisé, toutefois, au vu de certaines piètres adaptations récentes de la bibliographie de Stephen King, le film de Kevin Kölsch & Dennis Widmyer ne s'en sortait pas si mal pour revisiter de façon moderne ce roman, en restant bien sûr dans l'ombre plus imposante de la version signée Mary Lambert en 1989. Certes, on ne réclamait pas non plus à tout prix l'existence de ce prequel qu'est aujourd'hui "Simetierre: aux origines du mal", mais on doit bien avouer que c'est désormais avec une certaine curiosité que l'on tente son visionnage, titillé par ce statut d'extension originale (car non issue de la plume de King) de cet univers établi en vue d'en explorer des racines potentiellement intrigantes.

Et il faut bien dire que l'argument trouvé pour repartir quelques décennies en arrière dans la mythologie de "Simetierre" afin d'explorer l'historique de la fameuse terre maudite de la petite ville de Ludlow n'est pas si sotte en soi ! En effet, en prenant le contexte d'une Amérique où la jeunesse est devenue la chair à canon du conflit avec le Vietnam, le film va concentrer son principe de morts ramenés à la vie sur un soldat tué au combat, puis transformé en cadavre ambulant et violent, pour en faire le symbole de toute une génération revenue traumatisée du front, à jamais transformée par les horreurs de la guerre.

Au sein d'une amitié d'enfance brisée par les années, "Simetierre: aux origines du mal" va donc s'appuyer sur cette menace au sens lourd pour cette fois quitter le cercle familial confiné du roman d'origine et s'élargir aux destins contrariés de ces jeunes aux portes de l'âge adulte dans le contexte de cette époque douloureuse ainsi que, plus généralement, à la ville de Ludlow elle-même grâce à certains habitants bien au courant que quelque chose ne tourne pas rond dans les forêts environnantes. Ainsi, avec ces retrouvailles d'une progéniture héritant d'un mal connu de leurs aînés, l'atmosphère de petite ville 60's en vase-clos et d'une communauté conservant un secret qui la dépasse, ce prequel s'approprie des thématiques d'autres livres de King pour les conjuguer aux éléments de "Simetierre" et en faire un objet hybride, à la fois inédit et respectueux des obsessions de son auteur.

Malheureusement, en dépit de toutes ses intentions plus que louables, "Simetierre: aux origines du mal" va vite aussi montrer ses limites.

En entretenant trop longuement un mystère qui n'en est clairement pas un autour de la condition du jeune soldat maudit, et donc pousser le héros à enquêter sur ce dont son vieil ami est victime, le film s'éternise dans une phase d'exposition qui multiplie les points de vue en restant à la surface des plus intéressants (la douleur du père joué par David Duchovny aurait mérité plus de temps à l'écran, surtout avec ce comédien) avant de donner le sentiment de précipiter sa phase finale avec certains coups de baguette magiques scénaristiques trop faciles pour emporter la mise. L'ambiance a beau être là, le film bien emballé (saupoudré d'une bonne B.O. qui plus est), avec des séquences horrifiques disons honnêtes (à défaut de plus), il en ressort quelque chose de bien trop classique dans son déroulement pour prétendre à autre chose qu'à un résultat anecdotique, pas aidé par une redondance de jumpscares trop peu inspirés ou la promesse non tenue d'explorer les origines de ce mal (ou, du moins que très partiellement lors d'une séquence sur un temps plus ancien). Dommage car lorsque le film tente d'introduire de l'émotion en confrontant ses protagonistes à leurs souvenirs fugaces du passé pendant l'ultime bataille, on sent que l'ensemble aurait pu atteindre une dimension bien plus intéressante (voire touchante) avec des développements élaborés et écrits en conséquence.

Pas flamboyant mais loin d'être honteux (surtout en comparaison d'autres longs-métrages ayant eu les honneurs d'une sortie en salles en 2023... oui, oui, on pense à vous, "La Nonne 2" ou "L'Exorciste: Dévotion"), "Simetierre: aux origines du mal" a le mérite de rajouter quelques nouvelles pages au roman de Stephen King sans pour les rendre autant Indispensables.

RedArrow
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le 1 févr. 2024

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