Sisterhood
3.7
Sisterhood

Film de Cirio H. Santiago (1988)

Cirio H Santiago est un producteur/réalisateur philippin des plus prolifique puisque l'on doit au bonhomme pas loin de 200 films en 60 ans de carrière. Spécialiste du cinéma d'exploitation et des budgets ridicules Cirio H Santiago deviendra l'un des réalisateurs de l'écurie Corman pour laquelle il signera de nombreux films. Ce bon Cirio H Santiago se spécialisera dans l'action et le film de guerre tout en tournant des films d'épouvantes, des thrillers , des films de femmes en prisons , bref toute l'artillerie de l'honnête artisan du bis. Le réalisateur et producteur surfera sur d'innombrables vagues, tournant un sous Dents de la Mer, des sous Bloodsport, des sous Commando, des sous Rambo, des sous Mad Max , bref un type pas toujours très créatif mais très attiré par les sous.


The Sisterhood de 1988 nous plonge dans le monde post apocalyptique de 2021 (et oui c'était demain) dans lequel les femmes sont devenues des esclaves. Le film nous raconte surtout l'histoire d'une opposition entre des hommes essentiellement à la recherche de pièces mécaniques pour leurs voitures et quelques femmes qui constituent la guilde, une sorte de confrérie d'amazones en lutte pour un monde meilleur.


Le film est donc une sorte de sous Mad Max féministe dont l'intrigue va essentiellement se limiter à un jeu de cours après moi que je t'attrape entre trois membres chevaleresques de la guilde et une horde de poilus hirsutes motorisés. Pas trop de contextualisation (on nous parle juste d'un traditionnel apocalypse nucléaire), pas vraiment de scénario, The Sisterhood réduit ses enjeux au stricte minimum pour offrir péniblement 90 minutes entre scènes d'actions le plus souvent sur une dynamique chasse/capture/poursuite/délivrance et longs tunnels de remplissage. Les hommes se lanceront donc à la poursuite de la guilde qui a délivrée une femme esclave, ils vont alors capturer une des membres de la guilde, du coup le restant de la guilde avec l'ancienne esclave va se mettre en chasse des hommes pour récupérer le membre de la guilde capturée (ça va vous suivez ?), le tout étant illustré par de longs et nombreux plans des membres de la guilde chevauchant dans des carrière arides et de mecs dans leurs véhicules à la Mad Max roulant dans la poussière des mêmes carrières arides. Le film est donc assez répétitif et peu palpitant même si Cirio H Santiago n'a pas non plus à rougir de ce qu'il propose dans la maigre mesure de son budget, le réalisateur appartenant à cette catégorie de réalisateur du cinéma bis qui fait sourire mais toujours à la frontière du nanar qui fait franchement rigoler. Le film baigne dans une ambiance entre post-apo italien et héroïc fantasy médiéval avec une nette opposition entre des hommes en peau de bêtes limites revenus à l'âge de pierre tout en conduisant voitures et motos et les femmes proches des nobles amazones sur leurs chevaux. Et si l'héroïne du film qui parle avec son faucon Lady Shri est clairement très inspirée par Ladyhawke, elle porte un magnifique jean pour la simple raison que Cirio H Santiago était actionnaire principale de la filière Philippine de Levis et que son film s'est retrouvé grandement financée par ce partenariat publicitaire pourtant très discret.


The Sisterhood n'est clairement pas un grand film mais il reste amusant et distrayant à condition bien sûr de rester magnanime face à ses petites productions fauchés et opportunistes. Mais bon , le film comporte plein de choses pour passer un bon moment comme des mutants nucléaires en capuche qui courent comme des gorilles en faisant des bruits bizarres, des véhicules customisés façon fin du monde, des méchants poilus, des explosions, des rayons lasers bleus qui sortent des yeux en faisant pfiou pfiou, des figurants qui en font un peu trop pour jouer leur mort et même quelques belles images comme ses cavalières sur la crête d'une montagne dans le soleil couchant. Et puis merde, Cirio H Santiago se range tout de même au côté d'Aragon pour un film qui nous dit clairement que La femme est l'avenir de l'homme. Car oui The Sisterhood est un film féministe en lutte contre le patriarcat et l'esclavagisme institutionnalisé des femmes (qui a dit Woke au fond la salle ??) et il oppose clairement des brutes poilus obsédés par leurs pièces mécaniques et des êtres supérieurs en quête de paix et de spiritualité (Ah, il me semble que celui qui a crié Woke est en train de convulser). Tout ça pour arriver jusqu'à ce final lourd de symboles que je dévoile totalement en partie spoiler..


Vers la fin du film nos braves amazones prennent d'assaut à trois contre cent la forteresse du grand méchant, bon je précise qu'elles ont trouvées des armes lourdes automatiques et un véhicule blindé ce qui aide pour mater des blaireaux avec des épées. Elles découvrent alors un donjon dans lequel croupissent des dizaines de femmes enchainées à la merci sexuelle du maître du château. Enfermées avec les esclaves nos braves amazones sont fermement décidées à faire payer les hommes de leurs sévices et de leurs éternelles perversités. C'est alors qu'apparait dans un halo de lumière aveuglante et tout en poses christiques la grande prêtresse de la guilde qui demandent aux femmes de ne point céder à la colère et de construire un monde meilleur avant de les faires toutes disparaître de leur prison comme par magie. Dans le même temps nos brutes hirsutes tentent de défoncer la porte de ce sanctuaire de vie et de spiritualité à grand coup de bélier (tu la sent ma grosse métaphore phallique) . Merde alors, et si dieu était une femme et nous de simples pauvres brutes en quête de chairs et de têtes de delco ( Ah on me signale que les services de réanimation n'ont pas pu sauver notre ami du fond de la salle).


The Sisterhood est une sympathique série Z fauchée très amusante à regarder sous le prisme d'une lecture sociopolitique qui malheureusement sert de plus en plus souvent de grille de lecture à des films de pur divertissement alors que souvenez vous, ce n'est que du cinéma, du cinéma, du cinéma ... En tout cas célébrons avec Hugues Aufray ce sympathique réalisateur philippin en chantant tous en ensembles hommes et femmes réunis : Ciriiiio Santaiaaaaago !

freddyK
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le 13 févr. 2022

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Freddy K

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