Suite, reboot, remake, parodie, méta-slasher, hommage ? Il est bien difficile de ranger dans une case bien précise ce Slumber Party Massacre qui vient poursuivre une saga horrifique débutée dans les années 80 avec Slumber Party Massacre de Hamy Holden Jones en 1982 dans lequel un tueur attaquait des jeunes filles à l'aide de sa grosse perceuse. Quarante ans après le film a déjà le mérite de ne pas dénaturer la particularité de cette saga horrifique qui est d'être entièrement réalisée et scénarisée par des femmes. Si la présence de la réalisatrice Danishka Esterhazy ne m'évoquait rien de particulier, en revanche l'implication de la scénariste Suzanne Keilly était plutôt positive après son travail d'écriture satisfaisant sur le reboot Leprechaun Returns .


Slumber Party Massacre nous raconte donc l'histoire classique d'une bande de jeunes filles parties pour un petit week-end entre amies. Suite à la panne de leur voiture elles se retrouvent contraintes de loger dans une maison au bord d'un lac avec comme voisins une bande de jeunes garçons eux aussi en week-end. Pourtant des deux côté du lac, du côté garçons comme du côté filles, les protagonistes sont également venus se frotter à la légende de Russ Thorn ce fameux tueur à la perceuse au foret démesurément trop long.


Le film d'origine produit par Roger Corman était déjà à sa manière partiellement parodique et cette fois-ci le film s'enfonce encore un peu plus dans cette voie en mélangeant un aspect méta-slasher, une multitude de références au genre et à la trilogie précédente, le tout sur fond d'ambiance propre à notre époque le film jouant avec une certaine malice sur la vague post me too. Car sans vouloir trop en dévoiler de l'intrigue, nos potentielles ravissantes victimes vont s'avérer avoir une toute autre mission que de servir de scream queens et de chair à perceuse. Le film s'amuse des clichés du genre avec une certaine cohérence scénaristique mais il prend aussi un malin plaisir à inverser les codes et les attentes des spectateurs notamment en accordant à ses personnages masculins la plupart des clichés attendus et même souvent espérés d'un casting féminin de slasher. Vous aurez donc bien droit à une bataille de polochon torse nu, à une complaisante scène de douche, sauf que le film mettra bien plus volontiers en scène les hommes dans ces comportements idiots, immatures, imbéciles et érotiques. Bien loin du film à thèse premier degré Slumber Party Massacre semble se moquer avec mesure et gentillesse de certaines dérives qui souhaitant s'inscrire dans l'air de combats revendicatifs (et légitimes) oublient parfois un peu trop la nuance au point de lourdement asséner aux spectateurs leur morale. La réalisatrice et sa scénariste semblent aussi s'amuser de cette équation, comment faire un slasher avec un tueur qui porte son arme comme attribut viril et qui dégomme des gourdasses en pyjamas tout en restant conscient de certaines préoccupations de notre époque. On s'amusera donc ici de voir que les garçons se font mater en douce et en finissent par craindre que cette bande de filles soit un gang de féministes violentes qui souhaitent se débarrasser de tous les hommes. Le contexte global de Slumber Party Massacre, sa volonté de se moquer gentiment à la fois des clichés inhérent au slasher et de notre époque font du film une très relative bonne surprise.


Malheureusement on est également en droit d'attendre d'un tel film qu'il soit tout simplement de base un bon slasher et sur ce point le film reste une déception. À force de titiller l'humour et le second degré, d'aligner les références à la pelle, le film se retrouve un peu vidé de sa vocation première à savoir offrir un spectacle horrifique et tendu. On pourra toujours sauver quelques effets gore effets plutôt réussis, un casting féminin plutôt sympathique mais dans l'ensemble Slumber Party Massacre à force de regarder le genre de biais et à force de vouloir multiplier les clins d'œil semble avoir oublié de rester un slasher pur et dur. Du coup passé l'amusement des pirouettes qui détournent nos attentes, il ne reste une fois la "surprise" passée que l'ennui poli devant un film finalement bien trop sage.


Slumber Party Massacre version 2021 ne tire donc son épingle du jeu que par la façon amusante et maligne avec la quelle le film s'amuse de son époque en brassant dans un même contexte un cinéma qui radote et une époque qui cahote.

freddyK
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le 4 juin 2022

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