Sodome et Gomorrhe, voilà des noms qui évoquent une histoire sulfureuse et une fin tragique.
Robert Aldrich livre ici un peplum classique, sans grande envolée, tout à fait honorable mais peu sulfureux.
La faute à l'époque sans doute, 1962 étant encore un temps de censure où une robe moulante (et peu crédible historiquement), et une coupe de vin représentaient le vice ultime.
On ne montre pas d'orgie à l'écran même si l'Italie est plus compréhensive que les Etats Unis. On notera cependant quelques répliques à peine voilée évoquant des possibilités mais c'est bien peu.


Finalement, cela donne un film plus proche du passage de la Bible que des exégèses qui en ont été faites à coup de traductions de traduction et de transformations en armes de certaines paraboles.
En effet, dans la Bible, à aucun moment, les cités, qui sont au nombre de 5, ne sont accusées de vices sexuels, d'orgies ou péchés de ce genre.
Il semble que les villes aient dérogé aux lois de l'hospitalité si importantes en ces temps et ce serait pour cela que Yahvé les aurait foudroyés. Il y a bien une sombre histoire de tentative de viol d'un Ange mais c'est aussi un problème de traduction. C'est d'autant plus ironique que si les vices sexuels méritaient la destruction totale, les filles de Loth auraient dû se prendre un bon coup de tonnerre sur la tête. En effet, après leur fuite de Sodome, les charmantes ont enivré leur père dans la grotte où il s'étaient réfugiés et l'ont violé pour avoir des enfants. Enfants qui ont grandit par la suite sans problèmes, élevés par ces dernières et leur père/grand-père. Alors....
Il serait aussi question d'Anges qui auraient décidés de vivre auprès des humains et comme des humains auraient donc connu une chair différente de la leur et auraient commis un crime contre nature, mais c'est très peu documenté.
Dans ce film, en tout cas, Sodome est peu accueillante vis à vis des Hébreux, il faut bien le dire, en tout cas au début.


Robert Aldricht, épaulé de Sergio Leone, filme un peplum de bonne qualité, peut être un peu long mais qui a le mérite d'asseoir son scénario et ses personnages dans la durée. L'évolution des Hébreux au contact des Sodomites est graduel, même si bien sûr, ce sont les femmes qui craquent les premières.
On notera aussi un peu de manichéisme aussi, inhérent au genre, avec le Bien et le Mal clairement définis même si le personnage de Pier Angeli casse les codes. L'ancienne esclave habituée au luxe et à la servitude qui n'arrive pas tout à fait à s'acclimater (et pour être franche je la comprends, elle bosse plus avec moins de confort) mais que l'attention honorable d'un homme sortira de sa pensée servile. C'est cependant elle qui porte aussi le vers métaphorique dans le fruit.


Enfermé dans une histoire biblique stéréotypée, le thème de l'esclavage, qui semble central et beaucoup plus intéressant que de vagues références au sexe, est sous traité.


Le casting est très honorable avec d'anciennes gloires comme Stewart Granger, moins bondissant que dans sa prime jeunesse, mais qui offre un Loth fort agréable à l'oeil et à l'assurance indéniable.
Comme dit plus tôt, Pier Angeli fournit l'un des personages les plus intéressants et elle l'interprète à merveille.
Anouk Aimée surprend par sa présence mais elle est parfaite en Reine de Sodome : trouble, exotique, dure mais aussi puissante.
Stanley Baker est plus basique dans son rôle mais il offre un excellent contrepoint à Granger et à Aimée.
La musique de Miklos Rosza est honorable également mais comme tout le reste de la production, qui ne démérite pas, elle manque un peu d'éclat. Ce n'est pas sa meilleure partition.
Les effets spéciaux sont tout fait honorables aussi.


Honorable voilà le bon mot. Ce film est honorable mais il laisse un peu sur sa faim au vu du sujet et des nombreux talents présents.

Anilegna
5
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le 28 juil. 2021

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Anilegna

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