Résumé
L'action commence en 1861. Hervé Joncourt (Michael Pitt), un jeune officier, est amoureux d'Hélène (Keira Knightley). Dans le roman, l'action est censée se passer à Lavilledieu, en Ardèche, en pleine période du développement de la sériciculture. Mais les vers à soie souffrent d'une maladie qui les fait mourir. Un homme entreprenant du village, Baldabiou, propose à Hervé d'abandonner la carrière militaire dans laquelle il ne s'était engagé que pour complaire à son père et d'aller chercher, pour le compte des industriels du village, des œufs de vers à soie au Japon où ils étaient exempts de maladie. La mission est risquée car, à l'époque, le Japon est totalement interdit aux étrangers et le jeune homme prend d'énormes risques pour y parvenir.
Avant de partir, Hervé Joncourt épouse Hélène. Malgré la longueur et les difficultés du voyage, la mission d'Hervé est couronnée de succès. Il rencontre le seigneur de guerre pour lequel il avait une lettre d'introduction et celui-ci lui vend les œufs tant attendus. Pendant son séjour chez son hôte, il entrevoit une très belle jeune femme qui est semble-t-il l'épouse de ce dernier. Bien qu'il en tombe amoureux, il ne se passe rien entre eux.
De retour en France, avec l'argent de cette première mission, il achète une maison et promet à sa femme d'y planter un jardin de lys blancs.
Au cours d'une deuxième mission, il revient en territoire connu et est accueilli en ami. Au cours du séjour, la mystérieuse jeune femme lui fait remettre un court message par un serviteur.
A son retour, Hervé Joncourt n'a de cesse que de comprendre le sens du message qui lui a été remis et, sur les conseils de Baldabiou, il se rend à Lyon dans un bordel de luxe tenu par Mme Blanche (Miki Nakatani), une japonaise, qui accepte de lui traduire le message qui est en fait un message d'adieu.
Bien qu’entre-temps les travaux de Pasteur aient permis d'éradiquer la maladie du ver à soie et qu'il ne soit plus nécessaire d'entreprendre un voyage aussi périlleux au Japon, Hervé insiste pour être chargé d'une troisième mission. Celle-ci se déroule mal car le Japon est alors en guerre et, lorsqu'il parvient au village qu'il a connu prospère, celui-ci n'est plus que ruines fumantes. Il trouve cependant l'ancien serviteur de la belle inconnue et celui-ci le conduit sur les traces de la caravane qui emmène sa maîtresse loin du village dévasté. Pris par le seigneur de la guerre qu'il avait trahi, celui-ci lui laisse la vie sauve mais exécute le jeune serviteur. Hervé revient en France mais les œufs qu'il a pu acheter sur le retour ont éclos avant qu’il n’arrive et son expédition est un échec.
Pour se faire pardonner son échec par ses commanditaires, et afin de donner du travail au village, Hervé met toute sa fortune pour embaucher les villageois à l'aménagement du jardin promis à son épouse. Celui-ci sera entièrement planté de fleurs blanches.
Quelque temps après, il reçoit du Japon une longue lettre. Il retourne à Lyon où Mme Blanche la lui traduit : c'est une très belle lettre d'amour contenant des détails intimes et se concluant par un adieu définitif.
Hélène commence à dépérir. Sur son lit de mort, Hervé se confie à elle. Après son décès, il se rend à Lyon où il ne trouve plus Mme Blanche, partie à Paris. Après de longues recherches, il finit par la rencontrer et celle-ci lui confesse que c'était Hélène qui lui avait dicté la dernière lettre et qu'elle s'est seulement bornée à la traduire en japonais.
Le film se termine sur une scène extrêmement émouvante où Hervé confie à son protégé Ludovic (Mark Rendall), le fils qu'ils n'ont pas eu sa femme et lui, la tâche de veiller sur le jardin d'Hélène.
Mon jugement sur ce film
Je craignais le pire de l'adaptation de ce roman qui est un pur chef-d’œuvre d'écriture. A vrai dire, je ne concevais même pas que l'on puisse adapter une telle œuvre où l'écriture est tellement épurée qu'elle confine, d'une part, au haïku et d'autre part, à la partition musicale. Car lorsqu'on lit Alessandro Baricco, par ailleurs musicologue, on a l'impression d'entendre une musique.
Je salue sans réserve l'adaptation de François Girard qui, selon moi, a réussi la gageure d'adapter cette œuvre que je jugeais inadaptable avec une maestria d'autant plus stupéfiante que ce film n'est que son quatrième. Il est parvenu à garder au film le côté élégiaque de l'écriture si personnelle de Baricco en filmant dans des paysages sous la neige et l'omniprésence de la couleur blanche.
La bande son, composée par le grand compositeur japonais Ryuichi Sakamoto, est très belle et, alternant influences occidentales et orientales, s'accorde parfaitement avec l'ambiance du film.