Boratage
Je n’avais jamais entendu parler de Sorgoi Prakov avant qu’un de mes contacts (Nihilist Holocaust) ne m’en parle. Il a longtemps cherché, dernièrement surtout, à m’inciter à le voir. Ca ne me tentait...
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le 20 juin 2016
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Enfin ! La voici, la baffe dans la gueule tant attendue, le coup de pied au cul cinématographique dont la France avait besoin. On soupçonnait déjà un réveil du coté du cinéma d’horreur français, avec des films comme Frontières ou Martyrs, qui malgré une certaine lourdeur dans le propos et une vénération un peu trop flagrante pour le ciné US (c’est pas un hasard d’ailleurs si les deux réal en question ont filé aux States) montraient déjà une certaine décomplexion.
Ici, rien de tout cela, le film de Cherkaski est un véritable crachat en pleine gueule ô combien salvateur.
Ici la morale explose plus que les maisons à la fin du Zabriskie Point antonionien. Les tribulations naïves d’un touriste sdorvien (un pays imaginaire) en extase qui glisse peu à peu vers l’aliénation, la folie et le meurtre ! Cherkaski décrit palier par palier la chute de cet homme, ainsi que tous ceux qu’il entraine avec lui. Il est très difficile de distinguer le vrai du faux dans ce docu fiction, car les protocoles de tournage ont été faits de telle façon qu’il y a toujours une part de doute dans ce qui nous est donné à voir… Le jeu d’acteur de Cherkaski est carrément flippant, sa perte de poids et son faciès très troublant, sa langue et ses silences deviennent de plus en plus inquiétants. En tous cas, après une heure de film, on se retrouve dans un no man’s land psychologique qui passe du rire au malaise sans préavis.
Un film vraiment inclassable, un documentaire bucolique et naïf qui se termine en road trip sanglant et morbide. On assiste éberlué à tout l’effritement psychanalytique d’un individu qui découvre la nocivité du modèle occidental qu’il fantasmait pour finir par s’affranchir de toute humanité… ou presque.
Et c’est là le problème… Sorgoï reste un homme et on se surprend parfois à envier sa fraicheur et sa liberté. Le pire, c’est que même dans des phases insoutenables graphiquement, Cherkaski arrive à nous faire rire, ou à rester du coté humain. Certes le film va encore faire hurler les sirènes de « la morale et du bon goût », mais qu’elles hurlent, pour bien montrer que ce film est punk !
Réalisé sans moyens (15000 euros), avec des acteurs bénévoles et des bouts de ficelles, 90 heures de rush et de l’huile de coude, ce film est une claque aux films hollywoodiens, qui avec des centaines de millions nous pondent des merdes infâmes la plupart du temps.
Ce petit bijou pourrait être le rejeton consanguin de Punishment Park et de Forgotten Silver, qui auraient partouzé avec Les documents interdits de Jean Teddy Phillipe.
Même si ce film fait mal, il fait finalement beaucoup de bien. Dans une France en crise à tous les niveaux, ce film vient apporter une petite pierre à l’édifice du rêve européen déçu… C’est en tous cas le film coup de poing et coup de cœur de l’année!
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Créée
le 13 août 2015
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