Soul Docter
Reprochez ce que vous voulez à Pixar, mais la firme à la lampe n'est pas dénuée à la fois d'ambition dans les histoires qu'elle veut raconter comme dans la manière dont elle les raconte ainsi que...
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le 28 déc. 2020
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Beau, fantaisiste mais surtout très touchant... ce n'est pas la première fois que Pixar parvient à nous émerveiller tout en nous éduquant sur ces dernières années. "Soul" est un petit bijou qui nous rappelle ô combien il est important de profiter de notre vie et de ne pas s'apitoyer sur notre sort, reconnaître le bon et le beau qui nous entoure et être en harmonie avec.
En commençant avec des allures de long-métrage de Damien Chazelle qui se serait transformé en film d'animation, "Soul" nous présente une passion pour le jazz et l'éternel combat des artistes/musiciens non-reconnus déjà évoqués dans "Whiplash" ou "La La Land". Mais le film va beaucoup plus loin. Au bout de 15 min nous sommes transportés par les mélodies de Trent Reznor et Atticus Ross vers un nouveau monde. C'est là que le voyage commence.
Je ne souhaite pas tout détailler ici mais seulement revenir sur des points marquants.
Tout d'abord je suis stupéfait par la créativité des scénaristes du film. Je trouve cette idée de "pré-monde" appelé "You Seminar" où nos personnalités se façonnent et se répartissent de façon aléatoire tout à fait exceptionnelle. Ils ont trouvé un moyen de mettre des mots et des images de façon simple et poétique sur ce qui pourrait être le commencement, la création d'un être-humain.
Tout comme les personnes ne trouvant plus d'intérêt dans leurs vies, 22 subit le même processus mais inversé. Elle n'a jamais vécu et reste persuadée que rien ne pourrait la satisfaire sur Terre. J'y vois ici comme une seconde référence qui affecte 22 dès lors qu'elle découvre le vrai monde dans le corps de Joe Garner. Comme dans le film "American beauty" avec le personnage de Ricky Fitts, 22 est émerveillée par ce qui l'entoure car tout prend sens dès lors que ses propres sens et émotions prennent le contrôle. Elle découvre la vie et la beauté qui nous entoure, comme cette feuille qui vole au gré du vent, cette pizza qui sent bon, ces quelques notes de musique qui l'apaisent dans une bouche de métro...
Tout le monde dans le "You Seminar" prétend qu'il faille trouver cette toute dernière vocation ("one final spark" en VO) pour pouvoir entrer dans le monde des vivants. Il ne s'agit en fait que de l'ultime part de notre personnalité à compléter dans le Grand Bazar Général. Les hommes sont également animés par cette idée selon laquelle chacun doit trouver "SA" voie, sa propre vocation bien particulière. Mais un Jerry du "You Seminar" ne manque pas l'opportunité de rappeler à Joe que les humains croient tous à une seule et même passion ou obsession qui les guiderait, comme pourrait l'être le piano pour Joe. C'est là notre plus grosse erreur. C'est cette vision primaire qui nous inhibe en fin de compte. Le coiffeur de Joe est d'ailleurs un excellent contre-exemple. Il souhaitait être vétérinaire mais n'a jamais réussi pour une question de coût des études, il est alors devenu coiffeur et ne l'a finalement jamais regretté car il a su être heureux comme cela. Pour les mentors du "You Seminar" tout le monde doit avoir un objectif, une passion ou un sens dans la vie, mais nous oublions que nous sommes des êtres pluriels qui ne se limitent pas à une seule personnalité ou état d'esprit. Joe étant pourtant persuadé que la musique est sa vocation dans la vie, il se rend finalement compte après coup que le concert avec Dorothea Williams ne lui apportera pas entière satisfaction. C'est toute la force du propos de Jerry.
Un parallèle a été fait avec le film "Vice-Versa" où le personnage de 22 serait en fait la petite Riley avant sa naissance. "Soul" serait donc une sorte de préquelle. Ce n'est pas officiel mais plusieurs aspects pourraient en effet coller : les deux partagent la même addiction pour la pizza et font preuve d'enthousiasme au quotidien (surtout après que 22 découvre le monde dans le corps de Joe Gardner). Il y a également une certaine continuité entre la création unique de notre personnalité dans "Soul" et son évolution lorsque nous devenons êtres de chair dans "Vice-versa". L'association n'est pas dénuée de sens.
Je suis au final assez déçu de ne pas avoir pu profiter de ce nouveau Pixar sur grand écran... l'expérience en aurait été d'autant plus marquante.
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Créée
le 8 janv. 2021
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