Comment ne pas saluer le projet du kényan Hawa Essuman et de l'allemand Tom Tykwer de faire, primo, un film de qualité au Kenya par les kényan en langue kényane, de le réaliser, deuxio, dans un bidonville, celui de Kibera près de Nairobi, et de développer, tercio, un atelier qui perdurera au-delà de ce film ?
Alors, bien sûr, ce cinéma est motivé par des fonds blancs, le film est très "occidentalisant" lui-même mais... Voilà trois bonnes raisons de saluer le projet, en effet.
Mais passons au film lui-même, celui qui fut récompensé dans bon nombre de festivals à travers le monde et qui voyage encore comme l'exemplarité du savoir-faire subafricain.
Avec un budget limité de 400 000 £, Soul Boy ressemble à s'y méprendre à "Cours Lola Cours" qui a fait largement connaître Tykwer. Authentique course contre la montre pour sauver l'âme de son père, un fils devra accomplir sept travaux. Plongé entre mysticisme, moeurs patriarcales et présence de la bourgeoisie blanche, le film arrive à surpasser les démons de l'Afrique pour délivrer un rendu court, trépidant et très honnête. C'est encore en courant vers le soleil qu'Abila, étonnant pour ses 14 ans, défie la misère pour trouver plus de justice au travers de bonnes actions.
Je me suis demandé : mais comment le film va-t-il enchaîner les 7 travaux sur 1 heure 10 que compte le film, sans que cela soit indigeste ? Hé bien, il le fait, avec l'intelligence de nous surprendre, en trouvant le garçon toujours là on ne l'attend pas, si bien que le film devient un véritable jeu (vidéo ?).
Vous avez des doutes sur ce cinéma-là ? Vous n'avez jamais vu de film kényan ? Vous avez aimé The Constant Gardener ?
Soul Boy est fait pour vous.
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