Semence Donc J'Essuie

Véritable ovni cinématographique typique des années 70 , Spermula de Charles Matton ( de son véritable titre moins commercial Amour est un Fleuve en Russie) est un film de science fiction éritoco-porno-fantastico-dramatico-ésoterico-pético-mystico-philosophique... Que d'O donc pour un film qui finira d'ailleurs par se noyer quelque peu dans ses ambitions d'auteur et d'artiste jusqu'à livrer une oeuvre certes globalement imbitable mais attachante par certains aspects.

En gros Spermula c'est l'histoire d'une secte de femmes télépathes qui revient après avoir totalement disparue pendant de nombreuses années afin de conquérir et changer l'humanité. D'où viennent elles et que veulent elles vraiment ?? Bien malin celui qui pourras répondre clairement à ces deux questions le film étant particulièrement évasif sur son histoire . En tout cas une chose est certaine le film est bien plus complexe qu'un simple récit de femmes vampires suçant autre chose que le sang de leurs victimes...

Je serais bien incapable de juger l'histoire du film tout bonnement parce qu'elle est proprement incompréhensible. Emprunte de philosophie typique des années soixante dix on nous parle ici de communauté du love, de libération des corps et des esprits, des dangers de l'amour, d'extase charnelle, d'hypocrisie morale et religieuse mais dans un tel magma ésotérique et philosophique symbolisé par une voix off pompeuse et monocorde débitant du dialogue au kilomètre qu'au bout du compte on ne capte strictement rien à l'histoire. A défaut de produire beaucoup de sens le réalisateur et plasticien photographe Charles Matton sait faire de l'image et créer des ambiances fortes pour un film qui oscille toutefois souvent entre la fascination et le ridicule. Si le plus souvent le film baigne dans une ambiance érotique vaporeuse digne de David Hamilton, le film s'aventure parfois vers le grivoiserie des comédies polissonnes franchouillardes avec les jeunes bourgeoises qui se font trousser par le jardinier et la pornographie lors de brèves séquences des plus explicites du moins pour la version intégrale du film. L'érotisme de Spermula verse aussi parfois dans l'étrange et l'imagerie grotesque et fantastique comme avec ce nain qui se fait masturber dans un lit d'enfant par une danseuse noire , cet évêque qui tombe dans une piscine et se fait littéralement arracher le slip par deux baigneuses nues , ce contorsionniste qui se fait une auto-fellation ou bien plus what the fuck encore cette femme qui chie des pétales de roses. Globalement on ne va pas se mentir Spermula et d'un ennui mortel mais il comporte quelques séquences tellement barrées qu'elle force un certain respect comme ce rêve-cauchemar dans lequel un nain se retrouve dans un univers entre Rembrandt et Jérôme Bosch avant d'aller prendre un cul qui sort d'un tableau (y-a d'ailleurs beaucoup de cul sur des tableaux dans ce film). Niveau casting peu de visages connus si ce n'est ceux de Udo Kier et Georges Géret dans un rôle de gros beauf abject, vulgaire et machiste assez savoureux.

Spermula est donc une curiosité dont le seul et unique intérêt tient justement dans son côté ovni sortant des sentiers balisés du cinéma au point d'être quand même un sérieux accident de la circulation avec une sortie de route voir de dimension. Un film pour les amateurs de bizarreries en tout genre car c'est toujours mieux de se faire surprendre par un ennui délicieux que de rester amorphe devant ce qui flatte notre conformisme.