Peace and Love !
Coup de cœur pour ce très beau film, mais d'abord un peu de contexte. Charles Matton est une espèce de touche à tout, célèbre aujourd'hui comme plasticien. Se démarquant de l'art abstrait qui...
Par
le 10 juin 2019
6 j'aime
1
Il est des œuvres dont la structure, le récit et l’agencement des scènes échappent à l’entendement du spectateur. Spermula s’intègre à coup sûr dans cette frange du cinéma indépendant qui a vu le jour en pleine révolution sexuelle et qui habillait sa démarche protestataire d’un voile aussi érotique que labyrinthique. Les Valseuses et Emmanuelle, pour n’en citer que deux exemples. Nous regardons ces corps se rapprocher et s’enlacer, nous ne comprenons pas ce qui se joue sous nos yeux mais ressentons une multitude d’émotions qu’un montage abrupt fait brutalement cesser.
Au choc rythmique correspond un choc esthétique : nous n’arrêtons pas de passer des maquettes champêtres aux intérieurs futuristes dans lesquels perce pourtant un mobilier baroque. Le réalisateur mêle les âges de la mode, emprunte au libertinage des Lumières tout comme aux rigueurs d’un style Bauhaus. Et face à cette stylisation bariolée et maniériste se tisse un propos politique libertaire dont la finalité consiste à transformer la femme en créature castratrice et disposée à se rendre maître de son propre plaisir. L’homme, au contraire, subit une renaissance qui le prive du régime phallocratique dans lequel il vivait jadis ; il s’agit, pour lui, de ne plus être « un homme d’autrefois ».
La voix off débite des propos langoureux dont on ne comprend mot, rappelle en cela le cinéma de Marguerite Duras et la discordance entre la voix de personnages insérés dans le récit et celle d’une instance extradiégétique, à la manière du chœur des tragédies antiques. Spermula est une révolte désordonnée et affranchie de toute rigueur, mais qui trouve paradoxalement dans ses élans de liberté une énergie érotique et burlesque plutôt jouissive. Étrange expérience que ce film signé Charles Matton. Une expérience dont l’imperfection est certes flagrante, mais constitutive de son potentiel d’envoûtement et de suavité.
Créée
le 12 oct. 2019
Critique lue 538 fois
4 j'aime
D'autres avis sur Spermula
Coup de cœur pour ce très beau film, mais d'abord un peu de contexte. Charles Matton est une espèce de touche à tout, célèbre aujourd'hui comme plasticien. Se démarquant de l'art abstrait qui...
Par
le 10 juin 2019
6 j'aime
1
Oufti ! C'était difficile à regarder. Y a pas vraiment d'histoire, en fait. Il se passe des truc,s on sait pas trop quoi. Il y a des personnages qui sont présentés, mais on sait pas trop qui c'est...
Par
le 17 janv. 2015
6 j'aime
Sorti durant la vague post-Giscard, entre 1974 et 76 où la diffusion de films érotiques, voire pornos, étaient autorisés, et avaient du succès, souvenons-nous d'Emmanuelle, Spermula (ce titre !) est...
Par
le 21 mai 2019
5 j'aime
Du même critique
Nous ne cessons de nous demander, deux heures durant, pour quel public Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu a été réalisé. Trop woke pour les Gaulois, trop gaulois pour les wokes, leurs aventures...
le 1 févr. 2023
127 j'aime
9
Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...
le 19 janv. 2019
89 j'aime
17
Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...
le 11 sept. 2019
78 j'aime
14