Avec "Jigsaw", la partie semblait définitivement finie tant le film s'évertuait à faire du bouche-à-bouche à une saga n'ayant plus grand chose à proposer sinon à tourner en boucle (et en ridicule) ses fondamentaux de pièges et de twists improbables.
Mais c'était sans compter sur Chris Rock ! Grand fan des "Saw", le comédien a un jour déboulé auprès des pontes de la franchise avec une idée si brillante que, plutôt qu'envisager une suite à "Jigsaw" (ouf !), ils ont préféré mettre en chantier cette trouvaille sous la forme d'un spin-off -promesse d'une nouvelle orientation de la saga- avec d'ailleurs Chris Rock dans le rôle-titre. On avait plutôt envie d'y croire, surtout que Rock a ramené avec lui ce bon vieux Samuel L. Jackson dans ses bagages et la simple idée d'imaginer ces deux comédiens partir gambader au milieu de pièges concoctés par le pilier de la boucherie Darren Lynn Bousman (derrière les "Saw" 2, 3 et 4) avait quelque chose d'aussi aberrant qu'intriguant. Et n'oublions pas, le tout dans le but d'amener une proposition normalement un minimum différente en plus !
Puis est venu le temps de la découverte de ce désastreux "Spiral: From the Book of Saw"...
Si vous attendiez de la nouveauté au sein de la franchise, passez votre chemin. Certes, le tueur de cet opus a une fixation porcine plus prononcée, Bousman a plein de nouveaux néons et filtres colorés à tester (les incontournables sont néanmoins toujours présents) et du hip-hop vient s'immiscer entre deux hurlements de victimes mais, pour le reste, "Spiral" n'est qu'un énième volet de "Saw" qui n'a absolument aucune pierre neuve à ajouter à l'édifice. Et ça ne s'arrête pas là : le film est même une espèce de caricature, à la limite d'une parodie se prenant très au sérieux, du pire de ce que peuvent nous offrir les poncifs simplistes de la saga.
L'enquête de ce flic intègre au coeur d'un service corrompu où le tueur pioche avec jubilation ses victimes va se résumer simplement à empiler les pièges (vaguement amusants pour certains mais vite répétitifs une fois leur schéma compris) autour de flashbacks cousus de fil blanc pour nous emmener via une intrigue policière rudimentaire vers ce qui est probablement un des plus mauvais et prévisibles twists finaux de la franchise !
Dès lors que la mécanique "pièges/twist" primaire est grippée, que peut-on sauver d'un médiocre épisode de "Saw" ? En tout cas, surtout pas les personnages et leurs motivations qui réussissent à être encore moins subtils que la formule habituelle et qui, comble du comble, ne sont pas aidés par des acteurs pour une fois un peu plus prestigieux (en mode excès roue-libre, Chris Rock est aussi épouvantable qu'une patate stressée à l'idée de passer au presse-purée, où est l'acteur de la saison 4 de "Fargo", nom de nom ?!). Même ce qui aurait pu finalement ressembler à un discours répondant à une mouvance plus actuelle, un flic afro-américain se dressant contre un système établi et pourri de l'intérieur, en reste à l'ombre de ses balbutiements.
Seules peut-être les notes d'une énième variante de la sempiternelle musique de Charlie Clouser et les dernières secondes du film sauront nous arracher un vague sourire de nostalgie dans cet océan multicolore de médiocrité.
En fait, à ce stade, il ne restera plus qu'à réaliser que nous sommes nous-mêmes emportés dans la spirale d'un épouvantable piège d'un peu plus de 1h30, celle d'une arnaque savamment montée pour nous bercer de quelques illusions que l'on nous claque au visage telle la mâchoire métallique d'une invention tordue de Jigsaw.
On s'était déjà fait avoir avec le précédent film, on a replongé avec les promesses de celui-là mais on ne nous y reprendra plus. On ne veut plus du tout jouer à un jeu pareil.